bon pigeon voyageur
30 septembre 2020 Par admin

Sur le bon pigeon

bon pigeon voyageur

Débutant:
Voilà des années déjà que nous dialoguons. Neuf fois sur dix nous avons parlé de ce qu’il était nécessaire de faire pour remporter des succès. Il y a quelques jours j’ai rencontré un grand champion, et celui-ci m’a dit: on raconte beaucoup de bêtises sur les pigeons, alors qu’il n’y a qu’une chose qui compte: il faut avoir de « bons » pigeons, et tout le reste n’est que théorie! Je me suis tû… je n’avais qu’à m’incliner… car « lui » était un « champion » et « moi »…!

Victor:
Attention, mon ami! Il faut, actuellement, se méfier de plus en plus de « ce qu’on dit », et de ce qu’on « voit » à la télé, p. ex., car sinon on se satisfait du superficiel, sans réfléchir en profondeur.
Et ce que ton « champion » t’a dit, qu’il suffisait d’avoir le bon pigeon pour bien jouer ne rime à rien quand on analyse le problème en profondeur.



Débutant:
« En profondeur », qu’est-ce que cela veut dire?

Victor:
Cela veut dire tout simplement qu’il faut rechercher le ou les causes, et éventuellement encore les causes de celles-ci, pour rejoindre la vérité.
Et la vérité en colombophilie n’est pas simple du tout! Depuis plus d’un demi-siècle que je joue aux pigeons, j’ai appris à être plus nuancé dans mes affirmations, à l’encontre de ton « champion » avec le « bon » pigeon. Et je vais t’en donner un exemple. Dans notre colombier des 2 ans, nous avons une dizaine de pigeons qui, à l’âge d’un an, avaient remporté de beaux succès. Il s’avère brusquement que cette année aucun de ces pigeons prometteurs, n’était plus capable de remporter le moindre petit prix.
Après consultation chez un vétérinaire, celui-ci prescrit un antibiotique… Résultat: nul, et pas le moindre petit prix. Pour en savoir plus, nous laissons examiner le problème dans le laboratoire de l’Ecole Vétérinaire de Liège. Après de longues analyses, il ressort que nos pigeons étaient affectés de l’herpes virus du coryza, c.-à-d. du coryza herpétique, contre lequel d’ailleurs jusqu’ici il n’y a aucun traitement spécifique. Patience donc, repos total, et attendre que la résistance naturelle puisse agir à la longue… avec l’aide de traitement à l’Altabactine, non spécifique… mais pouvant éliminer certains foyers perturbateurs de la convalescence. Il ne suffit donc pas d’avoir un bon pigeon pour remporter des succès.
Extérieurement je ne remarquais pourtant rien d’anormal à ces pigeons, à part le fait que la fente palatine était rarement ouverte.

Débutant:
Pourtant c’est là un des premiers symptômes du coryza herpétique comme l’enseigne le professeur Vindevogel dans son livre sur cette maladie, contre laquelle on n’a pas encore trouvé de remède.

Victor:
Mon incompétence – mais quel colombophile est vraiment « compétent » – est sans doute un peu la cause de mes échecs avec ces bons pigeons.
Mais si déjà les scientifiques se trouvent devant un problème actuellement insoluble… comment voudrais-tu que j’y trouve, moi, une solution?

Débutant:
Tu as dit « incompétence », voilà bien le mot exact… Mais tu m’as dit que tu pouvais citer beaucoup d’autres exemples qui prouvent que le bon pigeon n’était pas le seul élément qui entre en ligne de compte pour remporter des succès…

Victor:
Je t’en signalerai d’autres, et non des moindres. Les années où le colombier Huyskens-Van Riel était peut-être le plus fort du pays, mon ami Jef Van Riel me disait: « Noël, pour avoir des pigeons en grande forme pendant toute une saison, il faut deux colombiers différents, comme j’en ai fait l’expérience. » Dans notre colombier orienté vers le sud, où résident la moitié de nos veufs, les pigeons ont une très grande forme précoce, alors que les veufs du colombier orienté vers l’est se font tous battre par les premiers au début de la saison. Mais ensuite c’est le contraire: les premiers deviennent des pigeons ordinaires, alors que ceux du colombier orienté à l’est, arrivent à faire des prouesses…!

Débutant:
Les « bons » deviennent donc des pigeons ordinaires, et les « ordinaires » deviennent des bons! Je dois donc te donner raison quand tu prétends que mon « champion » avec le  » bon » pigeon, n’avait pas réfléchi en profondeur à ce qu’il me disait!



Victor:
Un autre crack national, Corneel Horemans de Schoten, me dit un jour: on entend souvent dire: « Autre temps, autres pigeons ». Pour moi le temps qu’il fait le jour du concours n’a que peu d’importance. Ce qui a de l’importance, c’est le temps qu’il a fait pendant la semaine, les jours avant le concours. Car, dans presque tous les colombiers la forme dépend du temps qu’il fait. Corneel Horemans, qui possédait des super-cracks, n’est jamais parvenu à enlever des championnats à l’Union d’Anvers parce que ses pigeons connaissaient parfois une chute radicale de la forme, par temps humide. Et Corneel, qui était garde-chasse au Château Amerloo, me disait… si seulement je pouvais couper les arbres énormes qui entourent mes colombiers…

Débutant:
Et donc encore un exemple que des super-champions peuvent devenir des pigeons « ordinaires ».

Victor:
Je puis encore citer Havenith et aussi Ernest Duray. Le premier dans son colombier orienté au sud avait une forme précoce et avait alors des pigeons imbattables. Ces mêmes pigeons « perdaient » de leur valeur ( ?) au fur et à mesure que la saison d’été avançait. Et Ernest Duray, lorsqu’il opéra le changement dans son colombier, en retournant les casiers, connut des déboires insurmontables. Et pourtant il ne s’agissait que d’une différence de température minime. Comme quoi la « science », et surtout la science colombophile se promène sur le fil du rasoir.
On peut culbuter d’un côté ou de l’autre sans savoir pourquoi!

Débutant:
Dans tes exemples c’est toujours le colombier qui fait le bon ou le pigeon moyen.

Victor:
Je crois en effet qu’il en est ainsi. Car à la base de la santé, il y a la « résistance ». Celle-ci a eu des limites, et le colombier en fixe souvent les limites. Mais, il y a d’autres facteurs qui entrent en ligne de compte, comme par exemple le sous-sol et la situation dans un rayon p. ex, telle ou telle commune est manifestement avantagée.



Débutant:
Il faut le bon pigeon mais sans qu’il soit désavantage par certains handicaps qui n’ont rien à voir avec sa valeur intrinsèque. Es-tu d’accord avec moi?

Victor:
Absolument, et en cette période de sélection, après la saison des concours, disons après la mue, nous devons tenir compte de tout ce qui précède. Moi, en tout cas, je ne vais pas supprimer nos « deux ans » parce qu’ils n’ont remporté aucun. On verra bien l’an prochain. Bonne chance !

[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ] 

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