Sur l’endurance chez le pigeon de fond
Débutant:
Nous avions dialogué, il y a peu, des caractéristiques des pigeons de vitesse et des pigeons de fond. Au sujet de ces derniers tu m’avais dit qu’il y avait moyen de les « aider » pour qu’ils puissent soutenir leurs efforts aussi longtemps que possible. N’a-t-on pas dit que les concours de fond et surtout ceux du grand fond se jouaient sur les derniers 200 km?
Victor:
Tu entres là dans le vif du sujet, car c’est « d’endurance » que nous parlerons aujourd’hui. Le mot endurance dit bien de quoi il s’agit, c.-à-d. de « durer », et donc -pour le pigeon- de ne pas devoir arrêter ou diminuer son vol à un moment donné, faute d’endurance.
Débutant:
Tu parles d’arrêter et de diminuer son vol. Que veux-tu dire par là.
Victor:
Un pigeon s’arrête de voler quand il n’en peut plus, c.-à-d. lorsque ses réserves sont épuisées et que son sang est vicié par les toxines au point où une sensation de crampes, suite à l’acide lactique dans les muscles, l’oblige à s’arrêter. Il se pose alors… pour récupérer si possible.
Mais cela signifie souvent la perte du pigeon.
Débutant:
Mais tu disais aussi que le pigeon pouvait « ralentir » son vol, c.-à-d. voler au ralenti. Cela me semble indiqué pour un athlète, p.ex. pour un marathonien, mais un pigeon… je suppose qu’il ne « dose » pas son effort. Dès le lâcher il donne tout ce qu’il a dans le ventre comme on dit, et ne ralentit qu’au fur et à mesure que la distance parcourue augmente. Cela est confirmé lorsqu’on compare les vitesses de vol sur 100, 300, 500 km. Celles-ci vont en se dégradant, très fort même quand le temps est dur.
Victor:
Tu me dis que le pigeon donne « tout ce qu’il a dans le ventre » dès le lâcher.
Je voudrais pourtant à ce sujet, te dire ce qu’un jour Maurice Delbar – ce super-crack au long cours – me confiait: Noël, il n’est pas souhaitable de faire parcourir par les pigeons de fond trop de petites distances, car, dans le grand fond surtout, le pigeon ne peut soutenir le rythme des pigeons de vitesse. On peut contester ce point de vue, mais il est un fait que les pigeons de fond se classent rarement en tête aux concours de vitesse, excepté par temps très dur.
Débutant:
Mais à quoi attribuer cela? Comme tu l’avais fait pour les prestations athlétiques? On constate là que la vitesse est tributaire de la puissance musculaire, tandis que p.ex., le marathonien est plutôt du type « léger ». Il y a bien là certains points communs entre l’athlète et le pigeon, mais lesquels?
Victor:
Peut-être bien le poids spécifique joue-t-il chez le pigeon un rôle déterminant quant aux aptitudes à se distinguer, soit en vitesse, soit dans les concours de fond.
Débutant:
Laissons de côté ces spéculations et dis-moi un peu comment on peut « aider » le pigeon en vue des concours de fond et de grand fond?
Victor:
N’oublions pas ici le principe de base à observer en vue de la préparation d’un pigeon pour un concours de fond. Il se résume à ce que disait Georges Fabry: la meilleure drogue pour un pigeon consiste à lui donner une semaine supplémentaire de repos.
Cela revient à dire que les réserves constituent le carburant d’endurance.
Débutant:
Mais les réserves, comme tu me l’as déjà dit plusieurs fois, sont constituées par le glucogène et les graisses accumulées dans le sang, le foie et tout le corps du pigeon.
Victor:
Partant de cette constatation, il s’agit simplement de chercher les moyens d’introduire ces réserves dans l’organisme du pigeon.
Je crois qu’Ernest Duray avait résolu de façon assez simple le problème. Tous les jours il ajoutait à l’eau de boisson quelques morceaux de sucre. Après le repas du soir, chaque veuf recevait comme dessert une cuillerée à café de navettes rouges.
Ses résultats dans le grand fond prouvent que sa méthode était excellente. Sans quoi on ne remporte pas trois fois le premier prix national sur Pau avec lâcher matinal. Ernest Duray était devenu un bon ami, d’autant plus. qu’il aimait aider les jeunes par son expérience. Il nous a apprit le veuvage – il y a soixante année – et on parlait toujours « pigeons; Et à propos des concours de grand fond, il me dit que faire l’obscurité au colombier des veufs favorisait le repos des pigeons et donc… l’accumulation de réserves.
C’était aussi l’avis de cet autre crack du grand fond, Pol Bostijn, également partisan de l’obscurité au colombier des veufs.
Débutant:
D’accord, mais cela s’applique-t-il également pour les pigeons de vitesse et de demi-fond? Je suppose que non…
Victor:
Très bonne remarque. Tout ce qui concerne l’apport de réserves et le repos pour favoriser l’endurance, ne s’applique normalement pas pour la préparation des pigeons destinés aux concours de demi-fond et de vitesse. Et surtout pas à ces derniers.
Mais un concours de demi-fond, de 350 à 500 km peut tout de même être très dur et épuiser toutes les réserves du pigeon. Et à ce stade là, il faut « recharger les batteries » comme on dit! Une semaine supplémentaire de repos, un mélange dépuratif les premiers jours après l’effort, des électrolytes dans la boisson au retour du concours, et la semaine de l’enlogement trois ou quatre jours de mélange sport imbibé d’huile d’ail et saupoudré de levure de bière, voilà une excellente préparation pour le prochain concours. C’est également une bonne préparation pour les concours de fond et de grand fond.
Débutant:
Sais-tu pourquoi les concours de fond m’intéressent de plus en plus?
Victor:
Je crois que c’est parce que dans les concours de fond, c’est surtout le pigeon, qui par sa valeur intrinsèque, et non par des « chipotages » avec des hormones et de la cortisone, procure, pendant de longues années, de la joie à son maître.
Noël De Scheemaecker
Notices:
- Il y a une très grande différence entre un athlète qui court le marathon et un pigeon qui vole plusieurs centaines de kilomètres. L’athlète ne rencontre aucun obstacle sur sa route, il sait à tout moment ce qu’il lui reste à courir comme distance et peut ainsi doser son effort.
Pour un pigeon c’est tout différent et beaucoup plus difficile.
Dès qu’un pigeon est lâché il donne tout ce qu’il a dans le ventre et ce n’est qu’au fur et à mesure que la distance parcourue augmente tout comme sa fatigue, que sa vitesse de vol va diminuer. De plus il est confronté avec le problème de l’orientation, les conditions atmosphériques sur sa ligne de vol et toutes sortes d’obstacles naturels et artificiels lorsqu’il vole très bas par vent de bec. - L’huile d’ail est un excellent moyen naturel pour augmenter les réserves en graisses du pigeon qui est préparé pour un concours de fond. L’huile d’ail est un mélange d’extrait d’ail et d’huile de soja. Il est conseillé d’en donner les 4 à 5 derniers jours avant l’enlogement ( une goutte par pigeon par jour) et de la mélanger avec de la levure de bière aux grains
[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]
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