Thèmes divers sur les pigeons voyageurs
I. Ajoute à mon article « considération sur l’alimentation des pigeons ».
Peu de temps après la rédaction de mon article (P.R. nr. 11-août 94), j’ai eu en mains deux articles publiés dans des revues scientifiques internationales et qui soutiennent mon opinion, bien souvent défendue (et également mentionnée dans l’article cité ci-dessus), à savoir qu’il n’existe aucune donnée précise quant aux besoins alimentaires du pigeon voyageur. Aussi c’est avec plaisir que je vous rapporte textuellement ce que j’ai trouvé dans ces deux publications récentes (1994).
1) D’après un chercheur de la Faculté de Médecine vétérinaire de Caroline du Nord (USA) : « autant que l’auteur sache, les besoins alimentaires des pigeons n’ont pas encore été déterminés ». D’après une équipe de chercheurs de la Faculté de Médecine vétérinaire du Missouri, Colombie (USA): « les besoins alimentaires des pigeons sont encore très peu déterminés. La composition des mélanges est généralement basée sur des extrapolations faites à partir d’autres espèces d’oiseaux. De même les données manquent sur les carences alimentaires chez le pigeon et c’est pourquoi on doit avoir recours aux recherches exécutées pour d’autres espèces d’oiseaux ». Ainsi, cela est dit pour une fois par quelqu’un d’autre !
2) Vitesse de vol des hirondelles. A la fin de la série sur « le vol du pigeon et l’aile », j’ai traité dans l’article sur « la biologie du vol » (P.R. nr.15-nov 91) de la vitesse de vol des hirondelles et des martinets.
Mon opinion était que ces deux oiseaux migrateurs n’atteignaient pas les vitesses de vol que certains leur avaient attribuées et cela afin de soutenir la théorie alaire de Vanderschelden. Lors de ses recherches au moyen de radars, Alerstam était arrivé à la conclusion que l’hirondelle, lors de son déplacement, atteint une vitesse de 30 à 60 km par heure et que lorsqu’elle chasse des insectes, 80 à 90 km à l’heure.
Maintenant, d’après un travail (1994) de R.A. Norberg (Univ. Gôtenburg, Suède) (prises de vue aériennes et dans un tunnel ventilé avec une caméra ultra-rapide), on sait que ces oiseaux, lorsqu’ils chassent des insectes, atteignent seulement des vitesses de 9,6 m/sec. (même pas 35 km/heure). Puisque Norberg a utilisé des méthodes beaucoup plus perfectionnées que celles d’Alerstam, ces derniers chiffres sont sans aucun doute beaucoup plus près de la réalité.
3) Hauteur de vol. A l’exception de quelques oiseaux migrateurs suivis au moyen de radars, pour ce qui est de la hauteur de vol des oiseaux, il n’existe pas non plus beaucoup d’observations précises. Les autres données proviennent d’observations fortuites, comme par exemple des observations faites à partir d’avions ou bien lors de collision avec des avions. Cependant, certains oiseaux peuvent voler très haut: certaines oies passent au-dessus de l’Everest (8 800 m). En Ecosse, on a mesuré que les cygnes pouvaient voler à des hauteurs de 8.000 à 8.500 m. C’est grâce à diverses adaptations de leurs systèmes cardiovasculaire et respiratoire que ces oiseaux peuvent affronter les conditions difficiles régnant à ces hauteurs, comme les basses températures, la faible teneur de l’air en oxygène, etc… Leurs systèmes physiologiques sont beaucoup plus perfectionnés que ceux des mammifères. Plus explicite est la comparaison entre les moineaux et les souris qui ont à peu près le même gabarit, et qui ont été exposés à une atmosphère gazeuse correspondant à une altitude de 6.100 m (donc pauvre en oxygène).
Les souris sont rapidement devenues comateuses alors que les moineaux sont restés longtemps actifs malgré que ces derniers ne soient pas des oiseaux migrateurs et ne volent pas à de hautes altitudes (Faraci, 1991). Pour ce qui est des pigeons la situation est beaucoup moins claire. Chacun sait qu’ils volent à faible altitude avec un vent de face et à haute altitude par vent arrière.
Des recherches en laboratoire ont montré qu’ils étaient très sensibles à de faibles variations de pression, ce qui leur permet de chercher les couches aériennes les plus favorables déterminant ainsi leur hauteur de vol.
Il faut donc accepter que certains pigeons appréciant parfaitement ces données soient capables de réaliser de meilleurs scores que d’autres.
Autrefois, Dordin (ex-Président de la Fédération colombophile française) avait effectué de nombreux raids aériens afin de suivre les vols des pigeons. Il avait conclu que les pigeons volaient toujours à des hauteurs inférieures à 200 m et restaient même en-dessous de 100 m. Mais que se passe-t-il lors de vents violents arrières lorsque les pigeons atteignent des vitesses de 2.000 m/minute (un cas exceptionnellement rare)?
Dans ce cas nous avons l’impression que la hauteur de vol de 200 m est largement dépassée.
Grâce à des amis suisses je sais qu’ils sont capables de voler dans les Alpes dans certaines passes (2.000 à 2.500 m) et même au-dessus de certains sommets (4.000 m). Néanmoins je veux encore citer à ce sujet le résultat d’un essai scientifique réalisé par Alestrom en 1990.
L’affirmation que 200 m est l’altitude la plus usuelle des pigeons est en contradiction avec les résultats obtenus par un pigeon très particulier. Ce dernier avait choisi habituellement de voler beaucoup plus haut, à 1.550 m de hauteur, lorsqu’il est lâché au-dessus de la mer à une distance de 300 km, à 1.700 m, 1.350 et 1.600 m lorsque le lâcher se produit au-dessus de la terre à des distances respectives de 40, 35 et 19 km. Comme il s’agit de pigeons de laboratoire et pas de vrais concours, on ne saura jamais si ce pigeon était un surdoué pour remporter des prix.
Prof. G. Van Grembergen.
Notice:
La hauteur de vol la plus habituelle des pigeons voyageurs se situe aux environs de 200 mètres. Cependant ils peuvent voler beaucoup plus haut. Ainsi le scientifique Alerstam avait un pigeon qui choisissait couramment de voler à des hauteurs d’environ 1.500 m.
[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ]
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A propos d’alimentation des pigeons
Alimentation – pigeon voyageur