Toujours ces pertes de Pigeonneaux
Le sujet demeure d’une actualité récurrente et pose des questions auxquelles il est bien difficile de répondre. Je peux vous parler de ce que j’ai vécu et de ce que j’ai appris à ce propos, mais je ne puis fournir une réponse irrévocable. Je peux vous énumérer quelques causes pour les avoir subies mais je sais qu’il en est d’autres que je ne connais pas. Je sais aussi que tout le monde ne partagera pas mes avis, surtout pas concernant l’obscurité au colombier et ses effets sur la perte de pigeonneaux.
Au lendemain du sevrage
Cette année c’est Georges Van Riel qui a été touché dans mon voisinage. Ses jeunes hâtifs se promenaient sur la planche depuis deux, trois jours lorsque le rapace plongea parmi eux. Il y en avaient sur tous les toits des environs, mais le soir la moitié n’étaient pas rentrée. Un chat ou un rapace rien n’y fait mais s’ils sont effrayés lors de leurs premières sorties il est rare qu’ils puissent rappliquer par leurs propres moyens. Il faut être prudent au début et avoir un peu de chance aussi.
La neige
Je l’ai vécu. La météo avait annoncé de la neige mais le soleil brillait de tous ses feux lorsque je les ai lâchés. Le ciel s’assombrit subitement et il se mit à neiger. Mes pigeonneaux volaient déjà depuis quelque temps, et la majorité tomba au toit en même temps que les premiers flocons. Heureusement, les autres, vingt à trente, se mirent à tournoyer de plus en plus haut. Ils ne pouvaient pénétrer dans la neige et s’éloignaient de plus en plus. Je les perdis de vue et malgré l’apparition du soleil une demi-heure plus tard je n’en revis jamais aucun. J’aurais tout aussi bien pu perdre mon effectif complet. Je me suis promis de ne plus jamais commettre d’imprudence par la suite.
Câbles à haute tension
Des pigeonneaux sains, qui partent déjà au loin depuis quelques jours se perdent rarement. S’il en manque tout de même à l’appel du soir et que vous repérez l’un ou l’autre blessé il ne faut pas chercher loin. Soyez-en persuadé qu’il doit s’en trouver quelques-uns blessés sous des câbles à haute tension. Peut être loin de la maison. Cela ne peut malheureusement se prévoir.
Santé
La santé caduque est la cause première de la perte de pigeonneaux au toit. La bonne santé ne suffit pas pour réduire les pertes. Il faut des pigeonneaux qui pètent la santé!
Le groupe à plus grands risques est celui auquel le vétérinaire n’a rien trouvé d’anormal mais qui n’aime pas trop voler.
Les fientes sont bonnes, ils n’ont pas de trichomoniase, mais ils ne partent pas au loin. De tels sujets demeureront nuls. En parfaite santé un jour, ils prendront de la hauteur et partiront au loin se mêlant à une volée de passage. Je l’ai vécu à deux reprises avec des jeunes qui n’étaient pas malades mais pas en super santé quand même. Les signalements d’égarés sont alors cantonnés dans un rayon de 30 kilomètres et même dans le voisinage. Si l’on entame les entraînements avec de tels sujets les pertes sont imprévisibles. Il faut être prudent avec des jeunes qui ne partent pas au loin lors de la volée. Il faut essayer de les rendre le plus sain possible. Qui ne peut attendre d’engager les entraînements fera bien de procéder avec prudence et pas à pas.
Obscurité
Les Hollandais vont hausser les épaules en lisant ce qui suit, mais je puis assurer que l’obscurité au colombier peut provoquer la perte massive de pigeonneaux, même parfaitement sains en certaines circonstances.
Je puis comprendre que les Hollandais n’admettent pas cette prise de position. La saison des concours ne débute qu’à mi-juin et même au début de juillet chez eux. A ce moment, ils en ont fini d’occulter leur pigeonnier.
En Belgique, on pratique l’obscurité depuis le sevrage ou début mars jusqu’à la fin du mois de mai ou à la mi-juin de 18 h. à 8 h du matin.
En période d’obscurcissement les jeunes sortent régulièrement. Lorsqu’ils sont en parfaite santé, ils partent parfois durant des heures et reviennent par petits groupes ou un à un, mais il n’y a rien de mal à cela. Mais si en volant l’après-midi il leur arrive d’accompagner un groupe de passage et ne rentrent pas dans l’heure, on comptera plusieurs postes inoccupés le soir. Des pigeonneaux obscurcis rentrent rarement passé 18 ou 19 heures. Et s’ils rappliquent ce sera le lendemain matin. Je ne panique pas au sujet de la perte au toit de pigeonneaux obscurcis; mais je suis persuadé qu’on les perd en plus grand nombre que ceux qui ne subissent pas ce traitement. C’est lorsque l’on s’en va dresser des jeunes obscurcis à la société que cela devient scabreux. Je puis vous assurer savoir de quoi je parle. J’en ai payé les conséquences deux fois. En Belgique les concours de pigeonneaux débutent déjà le troisième week-end de mai. Précisons que nous parlons de pigeonneaux âgés de cinq mois et qui sont toujours obscurcis lorsqu’ils engagent les premiers entraînements et concours. S’ils sont en parfaite santé et s’ils peuvent voler le matin ou en début d’avant-midi, il ne se passera rien. De jeunes toujours obscurcis ne tiennent pas la grande forme, mais peuvent très bien se comporter. Si ces mêmes jeunes de peu d’expérience sont lancés en fin d’après-midi on risque de provoquer une catastrophe avec une masse de pertes. Je n’en connais pas la raison, mais je sais par contre que la montre biologique des pigeonneaux obscurcis et inexpérimentés n’est pas à l’heure juste. Tant qu’ils peuvent voler en matinée ils se tirent bien d’affaire, mais si l’envol doit être reporté en fin d’après-midi, ils partent carrément dans le sens opposé. Un parcours d’une centaine de kilomètres est déjà catastrophique alors. Le lendemain matin ils peuvent à nouveau s’orienter et il en rentrera bien alors. Avec un peu de malchance on en perd la moitié et ce n’est pas de la sélection, car les idiots ne sont pas seuls à s’égarer. Il y a six ans, j’ai commencé les entraînements de 102 pigeonneaux de la première et deuxième tournée réunies en parfaite santé. Ils étaient toujours obscurcis et faisaient la volée uniquement le matin. Ils aimaient voler et partaient au loin. Il faisait soleil tous les jours et le vent était au nord-est. J’ai porté ces jeunes de 5 à 90 kilomètres en l’espace de six jours et je les ai toujours lâchés de 30 en 30 secondes. Comme cette équipe me plaisait énormément j’y consacrai beaucoup de temps. Malgré le vent assez sec d’est je ne perdis que trois jeunes. J’avais décidé d’en finir d’obscurcir le colombier quelques jours plus tard. Ils étaient parfaitement dégrossis et ils devaient être en bonne condition pour être engagés dans un concours une semaine après la fin de l’obscurcissement. Comme la météo confirmait le maintien de ce temps sec avec vent d’est, j’ai préféré les engager dans une étape d’entraînement sur 100 km à la société. Je ne me faisais pas de souci au sujet du temps toujours assez rude, parce que les pigeons étaient déjà rentrés de 90 km dans les mêmes conditions.
Au réveille lendemain matin, le ciel était bouché et la visibilité ne dépassait 50 mètres. A 15 heures, je reçus un appel téléphonique m’annonçant que les pigeons seraient lancés à 15 h. 30 par beau temps ensoleillé à Quiévrain. Je savais d’entrée ce qui m’attendait.
Mes jeunes toujours obscurcis avaient été formidables les jours passés lors des vols d’entraînement. Ils étaient en condition optimale et je savais que ce lâcher tardif provoquerait une catastrophe pour moi. Les pigeonneaux non obscurcis ou qui en avaient terminé rentrèrent très normalement. Vous me croirez ou non, mais je dois vous dire qu’il n’en était rentrés que trois des 99 chez moi le soir.
Un autre amateur, au même stade de traitement que moi, subit un sort identique au mien. Le lendemain il en arriva à partir de 8 heures. Après trois jours il n’en était revenue une moitié. A part l’un ou l’autre signalé, pas un seul n’est rentré par la suite. La conclusion s’impose: «Des pigeonneaux obscurcis et inexpérimentés ne peuvent s’orienter l’après-midi».
Leur montre biologique est dérangée! Que peut-on y faire?
Ne jamais lancer des pigeonneaux obscurcis à l’entraînement après 10 ou 11 heures. Lors d’un reportage chez Leen Boers, un spécialiste des pigeonneaux, il m’a dit qu’il n’entraînait jamais passé 10 heures. Attendez au moins huit à dix jours après la fin de l’obscurcissement au colombier avant d’engager des pigeonneaux pour un entraînement à la société.
De 16 heures à la nuit
Nombre d’amateurs font l’obscurité au colombier des pigeonneaux à partir de 16 heures. Lorsqu’il fait noir, la nuit, on ouvre les rideaux de sorte qu’ils jouissent de la clarté dès les premières heures. Ce système se veut de réduire les pertes. Je n’en ai pas l’expérience, mais je doute que ce soit la formule ou «la» solution.
Expérience
L’expérience peut jouer un rôle. Il est permis d’obscurcir les «vieux» toute une journée sans qu’ils en subissent les inconvénients lors d’un lâcher retardé.
Des pigeonneaux expérimentés que l’on obscurcit à nouveau l’été n’éprouveront pas d’avantage de difficultés. On constate le mieux combien l’expérience est importante à l’occasion des concours nationaux pour pigeonneaux. Il peut faire extrêmement chaud en août, malgré quoi on peut organiser des concours de 500 et 600 kilomètres sans perdre de pigeonneaux, ou très peu.
G.S.M. et passages
Je ne crois que l’on puisse accuser les mâts pour G.S.M. de provoquer des pertes de pigeonneaux. Mais j’ai la conviction que l’une ou l’autre masse de passage qui entraîne des pigeonneaux inexpérimentés provoquera une catastrophe. Qui libère un samedi matin des jeunes habitués seulement à tourner autour du colombier prend d’énormes risques. Si de tels sujets tombent dans une volée de passage ils se retrouvent rapidement à 100 kilomètres et la majorité ne revient plus. Des pigeonneaux habitués à faire de grandes volées ne courent pas de danger. Lou Wouters aimait donner la volée à ses jeunes le samedi matin à l’heure du passage des hordes hollandaises. Cela lui permettait de nettoyer son colombier en toute tranquillité jusqu’à midi. Il en rentrait rarement un plus tôt mais le soir tous étaient présents. S’il en manquait un, Lou appelait cela une perte utile.
Le transport
Parlant du transport, je songe en premier à l’obligation d’abreuver en cours de voyage et avant le lâcher. S’ils ne trouvent pas d’eau en route, les pigeonneaux qui n’ont pas appris à boire au panier sont perdus d’avance par temps très chaud. On accuse régulièrement les convoyeurs. Je crois pour ma part qu’ils font bien leur travail mais que ce sont plutôt les amateurs qui sont en défaut pour ne pas avoir appris leurs pigeonneaux à boire au panier. Et ce n’est pas en cours de voyage qu’ils l’apprendront. Laissez-les se nourrir à volonté et enfermez-les ensuite pour deux jours au panier muni d’abreuvoirs. Une fois le chemin trouvé, ils ne l’oublieront plus jamais.
L’idéal
Un ciel légèrement nuageux, pas trop chaud et par vent de sud-ouest offre des conditions idéales pour entraîner les pigeonneaux. J’ose aussi les engager par vent nord-est et chaud s’ils ont appris à boire au panier et si l’étape n’est pas trop longue. Mais j’ai peur d’un premier Noyon (220 km) par une température au-dessus de 25°C et vent de nord-est. La menace se réduit singulièrement lorsqu’ils y sont déjà allés une fois.
[ Source: Article édité par M. Jaak Nouwen – Revue PIGEON RIT ]
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