Tricho par-ci, Tricho par la – pigeon voyageur
Des traitements courts chez des pigeons sérieusement infectés de trichomones ne sont pas recommandés. Dans les colombiers bien suivis et contrôlés en période de concours, on peut cependant faire une cure systématique d’un jour chaque semaine, comme le fait le dr. Stosskopf dans son colombier. Une observation microscopique lui a révélé que cela permet de maintenir sous contrôle le parasite.
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Dans les articles récents et dans divers journaux colombophiles, on a pu lire beaucoup de choses sur ce parasitisme. Beaucoup étaient sensés quelques autres beaucoup moins. Dans de semblables questions, il est préférable d’avoir une expérience personnelle encore plus sur le plan sportif que sur le plan technique pour ne pas dire scientifique.
Cette trichomonose, on la connaît depuis toujours. C’était ce muguet invalidant chez les pipants au nid, ces abcès du nombril ou du cloaque qui tuaient ces pipants tout comme ces abcès du foie. Chez les adultes c’était beaucoup moins grave et on ne manquait pas dans les rubriques colombophiles de signaler que tel ou tel vainqueur n’avait plus de franges au voile du palais, signe d’un abcès de muguet autrefois. Ces abcès étaient certes dus au parasite, mais aussi à quelques germes microbiens associés. De nos jours, on peut dire que cette trichomonose-là a disparu. Les médicaments mis au point depuis une quarantaine d’années ont eu raison de l’affection aigue. Mais le mal n’a pas disparu. D’innombrables examens microscopiques de salive m’ont montré que peu de pigeons étaient totalement indemnes du parasite. Sauf si l’amateur oublie de signaler au vétérinaire qu’il vient de faire un traitement. Et encore, car après traitement bref (1 ou 2 jours) en milieu infecté, on trouve sous le microscope, des îlots de petites masses rondes, brillantes, un peu veloutées qui sont des parasites « en sommeil ».
Dans de telles colonies, ainsi sérieusement infestées, ces traitements trop brefs sont une erreur.
Comment voit-on, à l’oeil nu, qu’il y a trichomonose? Si le parasite peut gagner soit dans le jeune âge (les premiers jours) par gavage de ses parents porteurs du parasite, soit plus tard à la suite d’un dérèglement des défenses naturelles (par exemple le trichomonas ne franchit pas le ventricule succenturié très acidifié par les sucs gastriques), les organes profonds (foie, pancréas, intestin etc.), il reste le plus souvent dans les premières voies respiratoires supérieures et digestives. Les premières voies, ce sont la cavité buccale, les voies respiratoires supérieures que sont les sinus, qui eux-mêmes correspondent avec l’aire oculaire et l’aire auditive. Ceci explique pourquoi il n’y a pas de coryza (sous toutes ses formes) sans la participation du trichomonas. Cela aussi des milliers d’examens microscopiques de salive de pigeons éternuants, larmoyants, voire toussants me l’ont montré. Les amateurs qui lisent régulièrement et sérieusement « Pigeon Rit » ont pu lire, il y a quelque temps, l’excellent article de mon confrère et ami Christophe Arnoult (« Quand le sens magnétique reprend la main ») où il rappelait que la région nasale et sinusaire est très complexe et qu’en particulier, sous la muqueuse, on trouve les nerfs olfactifs (sens de l’odorat) et la branche ophtalmique du nerf trigemminal (oeil). Ainsi une inflammation de la région par le trichomonas, au besoin associé à tel ou tel germe (staphylocoque, streptocoque, entérocoque, Klebsielle, mycoplasme, herpes virus etc.), créera-t’elle des signes nets comme éternuements, bâillements (le pigeon rejette la tête en arrière en ouvrant largement le bec), mouvements de mastication, grattage avec une patte, larmoiement plus ou moins net. Et puis aussi chute verticale de la durée des volées avec bec ouvert dès le posé alors que la température ne l’explique pas. Il n’est pas rare de constater également une forte augmentation de l’appétit. Tout ceci facilité éventuellement par le « milieu » (aération insuffisante, poussière ou odeurs irritantes etc.). Lorsqu’on est en présence d’un tel tableau clinique, on ne saurait trop conseiller un diagnostic sérieux, approfondi par un homme de l’art particulièrement compétant. Cela va coûter quelque argent, mais moins que des traitements aveugles, souvent inadaptés ou insuffisants.
La contamination par le trichomonas, se fait très facilement. Chez les pigeons de voyage par l’eau de boisson des abreuvoirs communs aux paniers. Entre pigeons du même pigeonnier, par la même voie, mais aussi par des batailles, les « baisers » entre mâle et femelle, le gavage des pigeonneaux. Quand un pigeon infesté vomit ses graines, celles-ci restent infectantes pendant 5 à 6 heures.
Après ce temps, le parasite est mort et la contagion ne peut plus se faire. Idem par l’eau de l’abreuvoir d’où le conseil avisé de changer l’eau le plus souvent possible. Il n’est pas prouvé que le chlore ajouté à l’eau du robinet dans de nombreuses villes est capable de tuer le parasite. Les désinfectants de l’eau de boisson peuvent se révéler utiles dans ce cas, mais leur emploi jadis dans les colonies où sévissait le « muguet » n’a jamais permis de l’éradiquer. Pour toutes ces raisons, on ne peut parler de contamination par l’air. De tout ce qui précède, on peut dire que nous avons affaire à un parasitisme très commun, récidivant de par là même, se localisant à des endroits très sensibles du pigeon de voyage (sinus en particulier) où ses effets sont très importants alors que ce parasitisme n’est pas médicalement grave. Alors comment y faire face? Nous disposons depuis une quarantaine d’années de produits chimiques efficaces. Ce sont d’une part les nitroaminothiazoles, maintenant dépassés, et les nitroamidazoles (dimétridazole, ronidazole, carnidazole, métronidazole). Chez les pigeons, seuls les deux premiers présentent de l’intérêt. Le carnidazole a une action très fugace, le métronidazole (Flagyl), médicament humain, exige de très fortes doses contre le trichomonas colombae, coûte très cher pour une action qui n’est pas meilleure que celle des autres. Le dimétridazole exige des doses six fois supérieures à celles du ronidazole. Il est très efficace en été quand la grosse chaleur provoque une soif plus grande que la normale, donc multiplie la dose du médicament si l’amateur n’a pas eu la sagesse de diminuer la dose par litre d’eau. Dès le deuxième jour du traitement, l’examen microscopique révèle que tous les parasites sont devenus inertes. L’inflammation due aux mouvements incessants des parasites a donc cessé. L’arrêt du traitement dès le deuxième jour, suivi régulièrement d’un examen microscopique de salive montre que peu à peu des parasites reprennent vie. Ces traitements ponctuels de 24 heures sont donc d’un effet certain, mais fugace. On doit donc les renouveler en conséquence. Des traitements plus longs permettent un blocage plus long également, mais il est vain de croire qu’un traitement chaque printemps, même de dix jours ou plus, suffit à mettre toute la colonie à l’abri pour toute la saison. Certes les antitrichomonas modernes sont absorbés par l’organisme et gagnent tous les organes, assurant une pleine action, mais action limitée dans le temps. Le produit est rapidement éliminé par les urines. Alors comment faire pour se tenir à l’abri d’une attaque de trichomonose? D’abord les mesures d’hygiène générale déjà évoquées plus haut: bon colombier sec, aéré, non poussiéreux, eau de boisson renouvelée deux fois par jour, les abreuvoirs étant ébouillantés le plus souvent possible. Ensuite une cure avant accouplements d’au moins cinq jours. Enfin des cures régulières contre les recontaminations et les rechutes. On peut attendre pour agir que des soupçons apparaissent chez l’amateur (volées moins bonnes, fientes plus grosses, moins bonne chute de duvet et surtout résultats sportifs décevants après une période faste). Une cure de 24 ou 48 heures remet alors tout en place. Ou bien on peut, c’est le système que j’emploie, faire systématiquement un jour de traitement chaque semaine, pendant la saison sportive. J’ai constaté au microscope le blocage du parasitisme avec ce seul jour de traitement et je suis satisfait sur le plan pratique: cela n’a aucune influence néfaste sur le rendement sportif. Une preuve: notre ami Patrick Philippens donne début mai deux jours de ronidazole le lundi et mardi, le jeudi il enloge pour Sens (336 km) et le samedi pour Dizy (176 km). Résultat: 41 prix de 51 engagés, dont 22 prix par dix. Alors ?
[ Source: Article édité par Doct. Vét. J.P.Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
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Les Trichomonas – pigeon voyageur
La trichomonose du pigeon voyageur