Trichomonose – pigeon voyageur
Un pigeon porteur de trichomonas infeste l’eau de boisson qu’on sert aux pigeons de son panier pendant le transport et sur le lieu du lâcher. Les trichomonas survivent en effet plusieurs heures dans l’eau des abreuvoirs.
Il peut sembler curieux aux amateurs qui ont coutume de me lire, de me voir reprendre un tel sujet.
La raison en est simple: on oublie facilement les choses courantes. Ce qui paraissait douteux, contestable, exceptionnel (hormis la forme « muguet »), exagéré, il y a trente ans est devenu de nos jours un fait accepté et le plus souvent soigné.
La trichomonose, c’est la prolifération anormale d’un parasite microscopique (le trichomonas) dans la gorge, les premières voies respiratoires (nez-sinus), la trachée, l’oesophage, le jabot. Certes, la plupart des pigeons sont trouvés porteurs de quelques rares parasites, qui ne les gênent en rien. Le parasitisme ne devient maladie que lorsque les trichomonas se multiplient anormalement (il y en a quelquefois plus que de salive dans le prélèvement effectué dans la gorge) provoquant une inflammation locale ou régionale (nez-gorge-jabot). Et les symptomes sont peu visibles, surtout sur le pigeon au repos: mouvement du bec (irritation de la bouche et gorge) « gros jabot » en particulier après le repos où on le trouve « plein d’air », coryza (nous allons en reparler) fientes vertes et plates (troubles de la digestion) quelquefois appétit exagéré. Nous sommes loin du bon vieux muguet d’autrefois et des plus rares abcès du nombril ou du foie. Si j’insiste tant sur ces aspects de la trichomonose, c’est qu’elle est très très souvent impliquée dans des syndromes (c’est-à-dire un ensemble de causes et de symptômes beaucoup plus larges) multiples dans le traitement desquels la cure antitrichomonas est une obligation – en même temps que celle des microbismes spécifiques – sous peine de rechute quasi immédiate. La trichomonose seule, par les irritations locales qu’elle provoque, est très capable d’expliquer les chutes de forme -souvent persistantes quand on n’y remédie pas – constatées dans certains colombiers jusque là valeureux. Un certain nombre de facteurs expliquent cette apparition brutale de la maladie: la fatigue d’abord – cela existe -ensuite les grosses chaleurs qui augmentent le rythme respiratoire du pigeon, et puis, si le colombier est alors insuffisamment aéré, l’air vicié, affaiblissant les pigeons, favorise le parasitisme.
Enfin aspect de la question à ne pas négliger: lors de ses séjours en panier, à abreuvoir commun, le pigeon peut être contaminé par une souche de trichomonas très virulente qui fait éclater la maladie, sévère, très rapidement. Ainsi on se sert pour tester l’efficacité des antitrichomonas, d’une souche d’origine américaine d’une extrême virulence capable de tuer 50% des pigeons inoculés en moins de 3 jours. De même on a vu éclater dans une très célèbre colonie anversoise des années ’50 (époque où l’on n’avait guère d’armes efficaces), une terrible trichomonose qui l’anéantit en quelques semaines. Dans ce dernier cas, il est probable que l’affaire, comme c’est d’une extrême fréquence, s’est compliquée d’un microbisme « de circonstance ». Je n’ai pas suivi l’affaire à l’époque, mais je me souviens qu’on a parlé d’une diarrhée profuse qui laisse supposer une colibacillose surajoutée. Car bien entendu le trichomonas n’est jamais seul.
Tout organisme héberge, continuellement, un certain nombre de microbismes, de virus, de parasites qu’il tient en respect par ses moyens de défense naturels (anticorps). Si par suite de diverses circonstances, ces moyens de défense sont défaillants, la maladie se déclare.
On voit donc le processus: causes favorisantes (fatigue – mauvais habitat etc.) > trichomonose aiguë se déclare > causes favorisantes > + trichomonose aiguë > le microbisme surajouté devient virulent. Dans ce scénario, entrent nombre des ennemis de l’amateur: le coryza sous toutes ses formes (et toutes ses appellations populaires), le syndrome trichomonose -coccidiose, les « microbismes d’élevage » avec infection progressive de l’intestin et des organes génitaux (staphylocoque – colibacille – mycoplasme). L’attitude à prendre découle de tout ce que nous venons de voir. Il n’est pas de traitement du coryza et de ses différentes variantes sans associer l’usage des antibiotiques divers à celui d’un antitrichomonas. Et sans donner plus d’aération et de repos, quoi qu’on pense. Lorsqu’il y a trichomonose reconnue (glaires dans la gorge, points blancs, fientes plates et vertes), il faut s’assurer que la coccidiose n’y est pas associée et la traiter énergiquement en même temps si elle est découverte.
Enfin, ainsi qu’on le lit souvent dans les reportages, ne pas croire qu’un traitement antitrichomonas à l’aveugle ou non avant les accouplements ou avant le début des concours, garantit les pigeons pour toute la saison. D’abord. dans l’état actuel des choses, aucun antitrichomonas ne protège plus de 4 à 5 semaines et une bonne part d’entre eux, beaucoup moins (2-3 semaines souvent). Ensuite, ne pas oublier qu’au panier, les risques de récontamination, en particulier dans l’abreuvoir commun. existent bien. L’amateur vigilant sera vite alerté par la baisse des volées (au ras des toits) et leur faible durée. C’est dès cette contamination qu’un traitement immédiat s’impose: 3 jours dans l’eau de boisson, en début de semaine et c’est reparti.
[ Source: Article édité par Doct. Vét. J.P.Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
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La coccidiose – pigeon voyageur
La trichomonose du pigeon voyageur