colombophile 2 pigeon
2 novembre 2020 Par admin

Un fin colombophile (2) – pigeon voyageur

colombophile 2 pigeon

Débutant:
Je t’avais posé la question de savoir si la colombophilie ( L’art d’élever des pigeons voyageurs) était devenue de plus en plus compliquée actuellement. Le cas échéant, il faudrait être un très fin colombophile pour ne pas y perdre la tête.
Tu m’avais répondu que tu tâcherais d’y répondre en parlant de tes propres échecs rencontrés pendant plus d’un demi-siècle de pratique de la colombophilie.

Victor:
J’ai bien dit « tâcherai », car le problème n’est pas simple, et mes propres problèmes… je n’ai pas pu les résoudre chaque fois. En grande partie c’est mon propre caractère qui m’a parfois empêché de résoudre tel ou tel problème. Lorsque j’y réfléchis, je dois bien avouer qu’il me manque parfois le courage de prendre une décision radicale.



Débutant:
Je ne comprends pas très bien ce que tu veux dire, et en quoi cela pourrait avoir quelque rapport avec la colombophilie.

Victor:
Tout ce qui se passe dans la vie d’un homme a un rapport proche ou éloigné avec son caractère, avec son psychique. En ce qui me concerne, je dois constater que je sais difficilement dire « non ». Ai-je « trop » de patience? Cela aussi peut être néfaste pour le colombophile en certaines situations.

Débutant:
Explique-moi ce que tu veux dire. Lors de notre dernier entretien tu me disais que la patience était la vertu suprême. Et maintenant tu voudrais me faire croire que « trop » de patience peut être néfaste en colombophilie! De quoi parles-tu?

Victor:
Je vais t’en donner un exemple. Certain jour un ami me dit: j’ai une dizaine de pigeons de la plus grande origine, et je t’en fais cadeau, à condition que tu les mettes à la reproduction avec tes pigeons, et que j’en reçoive quelques jeunes.
J’avais envie de dire « non », parce que « origine » pour moi ne signifie pas grand chose. Ce qui compte c’est le pigeon. Or les pigeons que mon ami m’offrait me paraissaient un peu « mous ». Beaux, plutôt « jolis », mais sans « ressort », sans vitalité. Et pour faire plaisir à mon ami, qui était très souvent avec moi, j’acceptai ses pigeons et fis quelques croisements avec les miens. Malgré toute ma patience avec les descendants de ces croisements, les résultats furent décevants. Mais il y avait mon ami… et je n’eus pas le coeur de dire: reprends tes pigeons, ils ne valent pas lourd.
Finalement j’éloignai tous ces pigeons et leurs descendants… mais j’avais perdu beaucoup trop de temps avant de prendre cette décision.

Débutant:
De la patience donc avec les pigeons qu’on connaît bien, mais pas de patience avec les « étrangers », fussent-ils de plus noble origine. Ce qui compte, c’est la prestation dans les concours. Je crois que c’est bien ton point de vue.

Victor:
Exact, mais attention! Il y a des pigeons qui se distinguent en vitesse, d’autres en demi-fond, d’autres encore dans les concours de fond ou de grand fond. Mais encore faut-il qu’ils s’y classent bien régulièrement. Je téléphonais hier avec André Roodhooft pour le féliciter, car j’avais appris qu’il avait gagné le titre suprême à l’Union d’Anvers, le titre de Roi. « Merci », me dit-il, « c’est sans doute parce que je n’ai pas de patience avec les pigeons irréguliers… » Et André a raison, car beaucoup se passe dans la tête du pigeon.
On sait qu’André est radical dans la sélection de ses pigeons. Il n’hésite pas, il supprime sans pardon. Il faut du caractère pour agir ainsi, et pouvoir dire « non » au pigeon!



Débutant:
Tu as beau dire qu’il faut du caractère pour agir ainsi, mais cette façon d’agir est bonne pour le colombophile qui a beaucoup de pigeons. Celui-ci peut se permettre d’être sévère… mais le petit colombophile, chez lui, chaque fois qu’il supprime un pigeon, cela fait mal au coeur!

Victor:
J’oserais te répondre radicalement qu’on est d’autant plus fin colombophile qu’on a moins de coeur quand on sélectionne ses pigeons. Il faut donc bien s’examiner soi-même, et prendre exemple sur ce que fait André Roodhooft, qui se défend avec peu de pigeons. Le petit colombophile doit bien savoir que la qualité moyenne des pigeons diminue en proportion de la faiblesse dans la sélection. Et la plus grande erreur qu’il puisse commettre consiste à vouloir augmenter le nombre de ses pigeons pour avoir plus de succès. C’est le contraire qui se passe généralement.

Débutant:
Mais n’as-tu pas commis d’autres erreurs que celle de patienter trop longtemps avec des pigeons qu’un ami t’avait donnés?

Victor:
Mais oui, certainement. Il y a des erreurs devant lesquelles on est impuissant, des erreurs dont on doit subir les conséquences. Comme par exemple le changement de colombiers par suite d’un déménagement. Ayant eu notre colombier en cinq endroits différents, je puis en parler. J’ose affirmer que la valeur du colombier est bien plus importante que la valeur des pigeons. L’environnement humide est un lourd handicap et un lit pour l’herpesvirus. La résistance a ses limites. Ne l’oublions pas! Le pigeon se défend comme il peut, mais .les voies respiratoires en prennent un coup! Notre colombier actuel, dans un environnement et sur un sous-sol humide, nous pose des problèmes. On tâche d’y remédier en favorisant une bonne circulation d’air, seul moyen de combattre l’humidité. A part le colombier même et son environnement immédiat, il y a également la situation dans le rayon de jeu. L’influence de la masse et du vent peuvent handicaper les meilleurs pigeons, surtout dans les concours de vitesse et de demi-fond.

Débutant:
J’admets que le colombophile n’est pas toujours maître de choisir l’emplacement de son colombier et de son habitation. Il devra bien, le cas échéant, se contenter de cette situation. Tu t’es également, dans ta longue carrière, trouvé dans tel cas, mais tu t’en es chaque fois bien sorti.

Victor:
Plus ou moins, en effet, mais il y a d’autres erreurs que j’ai commises. Avant l’hiver on avait désherbé avec un produit puissant, les alentours du colombier. Pendant une longue période les pigeons ne reçurent pas de liberté afin qu’ils ne puissent s’empoisonner. Après l’hiver pourtant, quand on laissait les pigeons en liberté, je remarquai qu’ils picoraient dans la pierraille derrière les colombiers. Mais, je supposais qu’avec les pluies de l’hiver le poison ne présentait plus aucun danger. J’ai commis là l’erreur de ne pas empêcher les pigeons d’aller picorer là où on avait traité le sol. Et plusieurs pigeons s’empoisonnèrent ainsi, ce qui mit fin à leur carrière sportive.



Débutant:
Je crois qu’il y a beaucoup de colombophiles qui éprouvent ou ont éprouvé tes problèmes. Il faut être très fin colombophile pour penser à toutes ces causes d’insuccès. Voilà de longues années que nous dialoguons sur la colombophilie. Et toute une vie ne suffit pas, il me semble, à soulever tous les problèmes… et toutes les causes qui les ont suscitées…

Victor:
Et c’est pour cette raison que nous ne pouvons abandonner nos dialogues.

Noël De Scheemaecker


Notices :

  • Beaucoup se passe dans la tête du pigeon. C’est d’elle que dépend qu’un pigeon physiquement bien bâti, devienne et soit oui ou non un bon pigeon. A quoi bon un pigeon qui remporte de temps à autre un beau prix. La régularité dans les prestations, c’est cela qui compte et qui est le propre du vrai champion.

[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ] 

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