Un Hobby pas comme les autres – pigeons
C’en est terminé de la saison des concours. Ouf! Elle fut chargée au point que je me suis demandé à maintes reprises si j’avais bien choisi le bon hobby. Pourquoi ne pas collectionner des timbres poste ou des pièces de monnaies? Cela demande bien moins d’efforts. A tout prendre j’ai bien de la chance quand même.
A la maison papa soigne les pigeons la semaine et au travail les patrons sont très compréhensifs pour mes petits écarts causés pour m’occuper des pigeons. J’éprouve le plus de mal au moment de la mise en loges.
Je crois qu’il en est de même pour tous. On a dressé son petit plan de combat, mais il faut tout revoir à la dernière minute parce que le premier marqué a jeté sa première rémige et ne peut donc être engagé.
La subite montée en forme d’un autre invite à le passer deuxième ou même premier pour la totalité de l’enjeu. Il ne faut pas non plus tirer toutes ses cartouches le même jour car il faudra aussi des premiers passés valables pour participer la semaine suivante. Je suis moins heureux au local. Je ne sais pas comment cela se passe ailleurs, mais je puis vous dire que chez nous ce n’est pas bon marché. Il faut miser et compter avec précision sans quoi on en a rapidement pour une belle somme d’argent.
Arrive le samedi. Le ciel n’est pas très beau, mais on aime toujours bien lâcher le samedi cette année. L’avant-main indique que pour pointer en tête il faut que le pigeon arrive à 14. Et paf!! Le premier pigeon tombe tel une balle du haut du ciel et sa bague disparaît à 12 dans l’appareil.
Il paraît qu’il « est au premier prix », mais peu de temps plus tard il se révèle qu’on devra se contenter de la deuxième place.
Il est précédé d’un pigeon enregistré à l’électronique et engagé pour la totalité de l’enjeu! Et les séries? Un et trois sont arrivés tôt, mais le deux a raté. On ne peut pas lui en vouloir, car il présente un très bon palmarès et les meilleurs peuvent rater un jour.
A la fin de la journée mon frère m’appelle pour avoir des nouvelles. « Tout va bien? Je ne t’entends pas bien … Ici sur la Côte d’Azur il fait beau et le ciel est serein. J’appellerai à nouveau demain car la ligne n’est pas bonne …
» Moi je l’avais parfaitement compris!
Président, secrétaire et trésorier
Et on se demande pourquoi le sport colombophile perd tant d’affiliés? En Belgique nous étions 45.000 au début de juillet.
Comment est-ce possible? Rien de plus normal. Nous organisons toujours le sport colombophile en 2003 comme il y a vingt ans, alors que l’évolution est telle que vingt ans équivalent à un siècle à notre époque. Inspiré par les organisateurs et par les mégacolonies, le calendrier déborde. Les organisateurs ne demandent que cela et je crois pouvoir dire que ce n’est pas la meilleure manière de servir la cause colombophile.
Et les grosses colonies? La plupart ne tiennent que quelques années avant d’abandonner parce qu’elles ne peuvent plus couvrir les frais.
De nos jours une colonie de soixante à quatre-vingts vieux et/ou yearlings est considérée normale et pas trop nombreuse.
Finissons-en d’accepter cela. Je sais de quoi je parle. Au début de la saison nous disposons généralement de 60 à 70 veufs et d’une centaine de pigeonneaux avec lesquels nous jouons tout le programme. Ne venez surtout pas prétendre que c’est peu.
Nous avons les mains pleines avec cet effectif et nous sommes toujours heureux lorsque la saison s’achève. Sachant que je suis un fana du sport colombophile je ne puis m’imaginer que d’autres amateurs soient si sots qu’ils puissent prendre plaisir à mener une pareille colonie.
Les programmes surchargés et les multiples championnats poussent les amateurs à garder plus de pigeons. Je ne vois pas comment je pourrai résoudre le problème à l’automne chez nous.
De toute manière je me sentirai plus « léger » si je sélectionne sévèrement. Mais qu’adviendra-t’il de ces 60 à 70 casiers de veufs? Notez qu’ils seront probablement tous occupés l’année prochaine.
Et que pourrais-je faire sans eux l’été suivant? Je ne fréquenterai pas les brocantes à la recherche d’un timbre ou d’une médaille qui me manque dans une série alors qu’on en sera à jouer Bourges, Cahors ou Barcelone! Je n’irai pas m’asseoir au bord du lac en attendant qu’un poisson que je ne connais pas vienne mordre à ma ligne. Je n’irai pas m’enfouir dans les interminables files françaises pour aller me faire brunir sur la Costa Brava avant de revenir au boulot, plus fatigué qu’à l’aller.
Je ne suis pas sot à ce point-là! J’irai m’asseoir au jardin pour attendre le retour du petit-fils de mon crack dont je n’oublierai jamais l’émotion qu’il suscita en moi au retour de Bordeaux il y a sept ans, en arrivant peu avant dix heures, alors que je ne lui avais pas accordé une seule mise sur la feuille d’enjeu. Et lorsque je regarderai père, assis à mes côtés, je me dirai que, si la chance me sourit, je serai toujours assis là dans trente ans, sur la même chaise. J’espère seulement que je ne devrai pas être alors président, secrétaire et trésorier de mon club.
[ Source: Article édité par M. Patrick Philippens – Revue PIGEON RIT ]
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Enlogement des pigeons voyageurs