Un microscope pour les fientes des pigeon
Combien de fois n’ai-je pas entendu lors d’une consultation, tandis que j’examinais les fientes des pigeons au microscope: « Et si j’en achetais un, est-ce que je pourrais voir s’il y a trichomonose, coccidiose ou vers? » Et quelquefois même… « et les microbes »?
Il est bien certain que l’examen microscopique des fientes (dûment préparées pour cela) ou de la salive est le moyen le meilleur de poser un diagnostic de parasitisme classique des pigeons et que cela peut éviter des traitements « aveugles » inadaptés.
L’achat de l’instrument est donc tentant. Lorsque l’amateur voit l’instrument dont nous nous servons, il ajoute: « Oh bien sûr, pas besoin d’un gros comme cela. » Et pourtant?
On voit dans les vitrines des opticiens, des microscopes de petit ou de moyen calibre, à des prix accessibles. Et l’amateur croit que cela suffit. Certes, les recherches parasitologiques n’exigent pas de forts grossissements (de 150 à 400 fois suffisent amplement pour aller des oeufs de vers aux trichomonas et aux oocystes de coccidies), mais le grossissement n’est qu’un petit aspect des qualités nécessaires à un bon microscope.
D’abord, il y a la luminosité. Avec la même source lumineuse, (on emploie maintenant l’éclairage électrique plutôt que la lumière du jour), l’éclairage de la préparation à observer varie beaucoup d’un microscope à l’autre. Cet éclairage de la préparation doit être réglable, non seulement par variation de l’orientation du miroir, mais aussi par diaphragme.
La lumière réfléchie au sein de la préparation sous un certain angle, met en évidence des trichomonas ou des oocystes de coccidies invisibles en éclairage direct et violent. Un bon microscope doit avoir, en plus, un bon « pouvoir séparateur. » Disons que c’est un dispositif optique qui permet de voir séparés deux objets très proches l’un de l’autre. Ce pouvoir va avec la qualité de fabrication des diverses lentilles qui sont dans les objectifs (côté préparation) et dans l’oculaire (côté oeil de l’observateur). Je dis les objectifs car il y en a plusieurs (revolver) pour différents grossissements.
Bref, c’est tout cela qui fait la différence entre un appareil de bonne qualité et une optique pour gamins qui veulent voir une aile de mouche ou une tête de puce. Avoir un microscope, c’est aussi savoir s’en servir. Il serait trop long d’entrer dans le détail mais résumons:
– l’observation de la salive pour la recherche du trichomonas, se fait directement: on prélève à la spatule un peu de salive dans le fond de la gorge, on dépose sur une lame tiède, on couvre d’une lamelle et on observe. Certains y ajoutent un colorant mais c’est loin d’être indispensable. Le grossissement doit être de 3 à 400. C’est facile à voir, car ces parasites bougent d’un mouvement régulier de leurs flagelles et de leur membrane.
– la recherche des oocystes de coccidies et des oeufs de vers exige la mise en suspension de fientes dans un liquide dense qui les fait remonter à la surface. On prélève donc un peu de liquide en surface et on observe entre lame et lamelle. Mais ces observations – si elles sont simples pour un homme de l’art – nécessitent un sérieux apprentissage. Car beaucoup de choses peuvent être confondues avec ce qu’on cherche: cellules végétales, oeufs d’acariens sans interêt, corps étrangers divers. Alors, que faisons-nous? D’abord rejet absolu de ces gadgets que sont les petits ou moyens microscopes de vitrine. Leur pouvoir séparateur est nul: j’ai passé des heures entières à essayer de montrer des oocystes de coccidies à des copains qui en avaient achetés, et, je n’y ai jamais réussi. Donc on achète un microscope valable. Neuf, ça vaut très cher. Alors on achète d’occasion. Les facultés de médecine, les laboratoires renouvellent régulièrement leurs stocks. Et puis. on en essaie plusieurs, en y observant la même préparation utile: on prend le plus lumineux et le plus net. Point n’est besoin de prendre un binoculaire (ce microscope est destiné à ceux qui y passent des heures).
Il n’est pas plus perfectionné que les monoculaires correspondants et coûte beaucoup plus cher. Après tout cela, une question se pose: « Est-ce que ça vaut la peine d’investir une somme tout de même non négligeable, de chercher et de trouver un homme de l’art qui veuille bien jouer les professeurs, pour savoir tout de suite ce que votre vétérinaire peut vous dire bien plus sûrement pour une somme en fait modique. » D’autant plus que, même si votre microscope est très perfectionné, il serait illusoire de penser que vous pouvez acquérir les connaissances nécessaires pour poser valablement un diagnostic bactériologique.
Doct. Vét. J.P.Stosskopf
Notices :
- Un bon microscope doit avoir, un bon « pouvoir séparateur ».
- Même si votre microscope est très perfectionné, il serait illusoire de penser que vous pouvez acquérir les connaissances nécessaires pour poser valablement un diagnostic bactériologique.
- La tentation pour le colombophile d’acheter un microscope est grande. Il croit en effet que cela va lui permettre de détecter lui-même la présence de trichomonose dans la salive ou la présence d’oocystes coccidiens et de vers dans les excréments. Le premier problème qui se pose après l’achat, c’est de trouver quelqu’un de compétent en la matière qui veuille bien vous apprendre son utilisation pour détecter les parasites. Deuxième problème, bien plus difficile celui-là, c’est de pouvoir faire la distinction entre une infection qui nécessite un traitement et celle qui n’en nécessite pas. Seul un vétérinaire spécialiste en pigeons pourra en réalité vous renseigner correctement à ce sujet. S’il n’a pas d’expérience dans les pigeons. ses conseils ne seront certes pas faux mais il manquera ce « quelque chose » qui fait la différence avec le spécialiste en la matière.
[ Source: Article édité par Doct. Vét. J.P.Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
Pour vous abonner au Magazine PIGEON RIT – Cliquez sur le bouton ci-dessous !
Vers et vermifuges – pigeon voyageur