18 octobre 2020 Par admin

Un oiseau en vol – pigeon voyageur

Le sport colombophile est souvent comparé au sport cycliste. Une telle comparaison sert souvent à rendre plus facile une explication au lecteur ou à l’auditeur. Cependant aucune comparaison n’est possible. Un bon cycliste, qui concentre toute son attention et son entraînement sur une classique ou un championnat du monde, fournit en général une bonne prestation. Il n’y a qu’un seul vainqueur mais à l’arrivée les favoris sont presque toujours dans les premiers. Tout au long de la course, les cyclistes sont dorlotés. Ils sont constamment entourés par des équipiers et des mécaniciens. Ils sont informés et assistés par leur directeur sportif. Bien entendu, le favori peut rater la bonne échappée mais c’est plutôt rare. J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour ces sportifs mais une comparaison avec le sport colombophile n’est pas possible.

Un pigeon ne raconte rien!
Avec les pigeons il en va autrement. Un bon pigeon, en condition, peut remporter un prix d’honneur mais pour la même mise il fera peut-être un tout petit prix ou réintégrera le pigeonnier avec plusieurs heures de retard. Il est et reste un oiseau perdu dans l’immensité du ciel. Il y a beaucoup d’éléments sur lesquels nous n’avons pas la moindre prise et qui peuvent influencer les prestations du pigeon. Une moins bonne condition lors de l’enlogement. Une cure qui ne convenait pas, administrée trop près de l’enlogement.
Un dégoût du veuvage ou une dépression occasionnée par la peur d’un voisin trop agressif lors d’une bagarre. La partenaire a-t-elle montré trop peu d’intérêt lors de la réunion des sexes avant l’enlogement? Qui pourra le dire? Certainement pas le pigeon. Que s’est-il passé dans le camion et dans le panier pendant le transport? Le panier était-il au-dessus ou en-dessous de la pile pendant le transport? Qu’en est-il à propos de l’air, de la chaleur et de l’oxygène? Ce panier n’a-t-il pas été oublié lors de la distribution d’eau et de graines? Il y avait peut-être un véritable « assassin » dans le panier et le champion n’a pas eu le moindre repos et peut-être même a-t-il reçu un coup de bec dans l’oeil? De toute façon, qui pourra le raconter?
Il y a régulièrement des pigeons qui se perdent même par beau temps. Il y a sûrement une raison et une explication. Malheureusement, il n’y a pas moyen de revenir en arrière. La même chose vaut pour le champion qui revient avec plusieurs heures de retard lors d’un concours au déroulement normal. Soyez convaincu qu’une faute a été commise. Laquelle? Nous ne le saurons jamais. Nous ne pouvons pas non plus affirmer que les bonnes prestations sont simplement une question de chance. Au contraire c’est le bon pigeon qui a le plus de chances de voler en tête. Un bon pigeonnier, en forme, remplira chaque semaine le constateur avec des prix de tête. Je veux seulement prouver que même un crack, en super condition, n’est finalement dans le ciel qu’un simple oiseau. Lorsque les conditions lui sont défavorables, le crack peut perdre le premier prix. Il y a tellement de facteurs qui peuvent intervenir et sur lesquels nous n’avons pas la moindre influence, que même ce crack peut parfois revenir avec plusieurs heures de retard. Des expressions courantes comme: « Je peux parier une maison sur ma bonne femelle noire lorsqu’elle a un jeune de 10 jours » n’ont pas beaucoup de sens.

La chute d’une penne.
Je n’aime pas lorsqu’un pigeon laisse tomber une penne juste avant l’enlogement. Depuis que je suis colombophile j’ai toujours entendu et lu que cela n’est pas bon. Cependant j’ai pu souvent constater que cela a peu, voire pas d’influence. Ce serait la mer à boire que d’énumérer tous les premiers prix que j’ai déjà remportés avec des pigeons qui avaient lâché une penne juste avant l’enlogement. J’ai également raté de nombreux prix de tête avec de bons pigeons en forme et avec une aile complète et parfaite juste au moment de l’enlogement. Tout cela me laisse penser que la chute d’une penne n’a pas autant d’importance que l’on veut lui en donner. Malgré tout, je me suis laissé prendre une fois de plus l’année passée. J’avais un bon junior qui volait la tête depuis quelques semaines. Quelques jours avant l’enlogement, je l’ai pris en mains. Il me paraissait parfait, rond et gonflé comme un ballon et la deuxième penne était fleurie. Normalement je devais le désigner comme premier marqué et risquer un peu d’argent. Mon incertitude fut grande lorsque vendredi à l’enlogement je vis qu’il venait de muer des deux côtés une penne. Ma première réaction fut de vouloir le laisser au pigeonnier. C’était un vol de 360 km et la météo prévoyait du bon temps. Finalement je décidai de l’engager deuxième passé en réduisant la mise. Le lendemain, alors qu’on n’apercevait aucun pigeon en l’air, il surgit comme une tornade. Je le reconnus immédiatement, au « trou » gros comme une patate qu’il avait dans chaque aile. Sur le résultat, il figura à la 4ème place.
J’étais encore plus fâché sur moi que satisfait de la prestation de mon pigeon. Je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même d’avoir manqué de confiance. C’était un bon pigeon et il le montra une fois de plus. Encore une fois j’eus le sentiment que nous pouvons penser, dire et affirmer beaucoup de choses, mais qu’en définitive nous en connaissons très peu. Finalement, un pigeon voyageur est et reste « un oiseau dans le ciel ».

André Roodhooft

Notices :

Le sport colombophile est souvent comparé au sport cycliste bien qu’il n’existe en réalité aucune ressemblance. Un bon coureur qui concentre toute son attention et son entraînement sur une grande course, fournit en général une bonne prestation. Pour un pigeon par contre les choses se présentent tout différemment. Un bon pigeon en excellente condition peut certes faire un prix de tête mais tout aussi bien un petit prix ou arriver plusieurs heures après la fermeture du concours. Il reste un oiseau qui vole dans le ciel.
André Roodhooft n’aime pas qu’un pigeon laisse tomber une penne peu avant l’enlogement. Dans la pratique pourtant il a constaté que cela influence peu ou pas du tout la prestation.

[ Source: Article édité par M. André Roodhooft – Revue PIGEON RIT ]