25 août 2020 Par admin

Un rebelle – pigeon voyageur

Un très bon pigeon, celui qui peut remporter des premiers prix. ou du moins des prix de tête, est en sorte un « rebelle » c’est un pigeon qui a pu se débarrasser de l’instinct de groupe, et qui ose se détacher du groupe.

Débutant :
Voilà trois années que tu joues dans ton nouveau colombier à Sint-Antonius. Tu as commencé avec les pigeonneaux qui prennent trois ans maintenant. En restent-ils beaucoup de cette équipe ? La sélection t’a-elle appris quelque chose que tu ne savais pas ?

Victor :
La première chose qu’elle m’a apprise c’est que la colombophilie n’est pas une « science exacte ». Ensuite, il y a ce que mon ami Victor Torrekens répétait souvent : on oublie qu’en colombophilie il y a la « patience » et la « prudence » qui ont un rôle à joue-pour réussir….

Débutant :
As-tu, quand tu sélectionnes tes pigeons, constaté une amélioration de la qualité de ceux-ci par rapport aux pigeons d’il y a cinquante années et plus même ? Les pigeons d’aujourd’hui sont-ils meilleurs que ceux d’une cinquantaine de générations précédentes ? Beaucoup de colombophiles le prétendent et disent même si on devait jouer maintenant avec les pigeons d’il y a cinquante ans on aurait difficile à se classer.

Victor :
Je me souviens encore de nos pigeons des années 1930, mais je n’ai pas l’impression qu’au point de vue physique ils étaient de moindre qualité qu’actuellement. C’est à l’échelle d’observation personnelle que je porte un jugement. Mais si je devais vivre mille ans, peut-être qu’alors j’observerais des différences dans le physique du pigeon, mais ce n’est pas le cas. Inutile donc de se poser la question de savoir si nous avons amélioré la qualité de nos pigeons par rapport au passé, quant au présent il s’agit de ne pas permettre à certains défauts de s’introduire chez nos propres pigeons.

Débutant :
Quels sont ces défauts ?

Victor :
A mon avis un grand défaut consiste à attacher plus de valeur au « nom », c.-à-d. au pedigree qu’à la valeur du pigeon quand on le prend en main et qu’on regarde sa tête et son regard.

Débutant :
Tu as beau dire, mais je dois bien constater que presque tous les colombophiles attachent une grande importance à l’origine du pigeon…

Victor :
Moi aussi, mais à condition que le pigeon que j’ai en main réponde aux qualités des meilleurs pigeons dont il est le descendant.

Débutant :
Oui mais, cher maître, prétends-tu que tu peux lire ce qu’il y a dans la tête du pigeon ?

Victor :
Là, tu m’en demandes un peu trop. Dès qu’on dépasse ce qui est purement physique et donc observable, il y a problème. La science a ses limites. Car qu’est-ce qui distingue un bon pigeon d’un « très » bon pigeon ? C’est dans la tête que cela se passe. A mon avis le très bon pigeon, celui qui peut remporter des premiers prix, ou du moins des prix de tête, est en sorte un « rebelle ».
Ils sont extrêmement rares.

Débutant :
Que veux-tu dire par « rebelle » ? Peux-tu m’en donner un exemple chez le pigeon ?

Victor :
Tu sais que le comportement du pigeon est guidé » par ses instincts. Parmi ces instincts un des plus forts est l’instinct de groupe. En réalité celui-ci est lié à l’instinct de survie. Le pigeon qui a pu se débarrasser de cet instinct de groupe, et qui n’est plus l’esclave de cet instinct… et ose se détacher du groupe, est en quelque sorte un rebelle. Et ce comportement, qui a lieu dans sa tête fait de lui un grand champion.

Débutant :
J’ai compris, mais il y a un « mais ». Le rebelle donnera-t’il sa qualité exceptionnelle de rebelle à sa descendance ?

Victor :
Si tel était le cas ce caractère pourrait se généraliser, et de ce fait on ne pourrait plus en parler. Pourtant, nous devons, quand nous avons un tel crack, le prendre comme base de notre colombier pour accroître les chances d’en élever un second, un pigeon qui se dirige tout droit en solitaire vers son colombier sans se laisser emporter par son instinct de groupe et de perdre du temps précieux…

[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]