Un grand champion – pigeon voyageur
Débutant:
L’hiver est la période de réflexion pour le colombophile. Mais le petit débutant que je suis, a difficile à trouver matière à réfléchir:Et je voudrais, moi, savoir à quoi tu réfléchis, toi?
Victor:
Le hasard fait parfois bien les choses. C’est ainsi que j’ai eu la chance de tomber, parmi mes paperasses, sur quelques notes concernant le Dr. Bricoux. Celui-ci, comme tu sais, peut être considéré comme le « champion du monde » de la colombophilie à son époque.
– Et cela avec un nombre limité de pigeons – Actuellement il serait même classé parmi les « petits » colombophiles.
Débutant:
Qu’as-tu appris ou réappris en consultant ces notes?
Victor:
Parlons un peu de sa race ou plutôt de ses races. Car, comme il le dit lui-même, dans sa formidable colonie, il y a les Hirion de Solré s/Sambre, les André Sluys de Bruxelles, les Beeckman de Bruxelles, les Carlier de Binche, les Baclène de Walcourt, les Rousseau de Jemappes et, surtout les Sion de Tourcoing.
Débutant:
Le Dr. Bricoux était donc partisan des croisements?
Victor:
Il disait que pour élever en consanguinité – ce qu’il faisait d’ailleurs – il fallait introduire de temps à autre du sang étranger, de préférence d’un colombophile qui, lui, élevait en consanguinité.
Débutant:
Ah, oui, je comprends. On réussit donc le mieux en croisant ses pigeons avec des pigeons élevés en consanguinité. C’est la raison pour laquelle on réussit bien quand on croise avec les Janssen d’Arendonk qui, eux, la pratiquent depuis des dizaines d’années.
Victor:
Le Dr. Bricoux disait que lorsqu’on fait de la consanguinité dans le même milieu, on connaîtra assez vite la déchéance de sa race. Il faut donc croiser à temps. D’après le Dr. Bricoux [‘influence du milieu est d’une importance capitale en colombophilie. dit même littéralement ceci: selon que cette influence soit favorable ou défavorable, nos résultats suivront la même cadence.
Débutant:
Que voulait-il dire par « influence du milieu? »
Victor:
En tant que scientifique le docteur pensait sans aucun doute à l’handicap pour le pigeon de devoir user sa résistance en luttant contre certains facteurs défavorables pour sa santé. Par exemple l’humidité qui handicape les voies respiratoires, ou les différences de températures qui brûlent les calories. Mais, le « milieu » peut avoir des influences fastes ou néfastes que nous ne connaissons pas à première vue.
Son colombier à Jolimont était sec car l’environnement était sec. Quant à la perte de calories il n’en avait cure du fait que ses colombiers se trouvaient au-dessus de son habitation.
Débutant:
D’accord. Et je crois d’ailleurs à ce que tu m’as dit souvent, c.-à-d. qu’il y avait des colombiers « miracles »! Mais la question que je me pose est de savoir comment il parvenait à dominer la colombophilie avec si peu de pigeons. Chez lui le déchet devait être extrêmement minime. Comment faisait-il?
Victor:
Dans mes notes j’ai trouvé sa méthode assez simple pour y parvenir.
Débutant:
Il avait sans doute une main de maître pour ne retenir, lors du triage, que des bons pigeons?
Victor:
Evidemment le docteur avait des idées précises pour juger ses pigeons. Tu vas être étonné! Il ne faisait jamais voyager les jeunes. Il les jugait en main. Il tenait, disait-il, à la rigidité de la fourche… Cela dénote en effet une solide ossature, essentielle pour les concours de fond. Il tenait également à une bonne musculature – la forme d’une poire. Egalement à un plumage doux et soyeux. Quant à l’aile son expérience lui avait enseigné que le pigeon de fond devait posséder une arrière-aile bien développée et bien fournie par le dessous. Ses longues années de pratique lui avaient appris que pour les concours à portées moyennes, et surtout pour la vitesse, une arrière-aile plus courte convenait mieux.
Débutant:
Tu viens de me dire que le docteur ne jouait pas ses jeunes. Mais alors ceux-ci devaient être très handicapés comme yearlings.
Victor:
Bonne question, mon cher ami, mais le docteur va t’en donner la réponse. La voici: il ne jouait pas les yearlings au veuvage. Cela les tue, prétendait-il, car ils sont en pleine croissance. Il les soumettait simplement à quelques vols d’entraînement de 100 à 250 km. A l’âge de deux ans, ils voyagent jusque 600 km, mais à partir de la troisième année ils participent aux concours de fond et pendant quatre années ils tiennent le coup. Ma méthode, disait-il, s’applique pour les concours de fond. Je me spécialise sur ces concours. Mais le colombophile qui ne se spécialise pas devra à la fin admettre le proverbe que « qui trop embrasse mal étreint »! Mais encore une fois: inutile de se spécialiser, si l’environnement est mauvais. A cet égard les colombiers du docteur sont certainement pour une grande part dans ses fabuleux succès. Un escalier tournant, au milieu de la maison, conduisait aux colombiers, qui étaient clairs, bien aérés et secs. Un colombier des veufs, un colombier pour les naturels, yearlings et producteurs, et un pour les pigeonneaux. C’est tout.
Débutant:
Après t’avoir écouté, je me demande si, en fin de compte la nature ne finira pas par avoir raison, après qu’on aura constaté que pour commander à la nature, il faut lui obéir.
Noël De Scheemaecker
Notices:
- Les colombiers du Dr. Bricoux ont piètre allure à côté des grands colombiers des vedettes colombophiles aujourd’hui. Mais en est-il de même avec la qualité des pigeons qui y vivaient?
Bien au contraire, croyons-nous! Bricoux jouait avec peu de pigeons mais il remportait un pourcentage très élevé de prix de tête. Il connaissait ses pigeons et n’avait pas besoin d’enloger beaucoup de pigeons pour remporter un prix de tête. Et n’est-ce pas la le propre du vrai champion?
- Un « as » du colombier Bricoux: 1er prix national St. Vincent en 1938 à l’Entente Belge.
[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]
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Un champion wallon – Maladies – n°2 – pigeon voyageur
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