25 octobre 2021 Par admin

Une fin de saison pour les pigeons

Débutant:
Tu sais, cher maître, que mes moyens sont limités. Tout d’abord je me range parmi les « petits » colombophiles, car j’ai peu de pigeons. Ensuite mes moyens financiers sont également assez limités. Or j’ai découvert cette année trois bons pigeonneaux qui se classent régulièrement dans les prix. En plus, j’ai deux yearlings excellents. Hélas, je n’ai aussi que deux vieux pigeons sur lesquels je puis compter et que je joue chaque semaine. J’ai vraiment peur de voir arriver la saison prochaine avec des effectifs aussi limités. Aurais-tu donc, encore une fois, quelques bons conseils à me prodiguer?

Victor:
Tu me poses là une question à laquelle il est assez facile de répondre. Ce qui est plus difficile c’est d’avoir la volonté de suivre les conseils que je voudrais te donner. Je voudrais commencer par te dire ceci: le colombophile assure la longévité de la carrière sportive d’un pigeon dans la mesure où il a eu le courage — car il en faut — de ne pas faire souffrir son bon pigeon en fin de saison, c.-à-d. avant la période de la grande mue. Je te parle ici de la grande mue. Pourquoi?
L’expérience nous a appris que le pigeon — après une saison trop chargée, surtout vers la fin — effectue une mauvaise mue parce qu’il doit la subir sans les réserves qui lui sont indispensables et dont l’organisme a besoin pour le renouvellement de son plumage.

Débutant:
Tu croirais donc que le colombophile a commis une faute si la mue s’effectue mal?
Mais en fait, à quoi reconnaît-on qu’une mue n’a pas été parfaite?

Victor:
A de rarissimes exceptions près, les douze plumes de la queue doivent toutes se renouveler en période de mue. Tu remarqueras aisément si cela s’est bien passée. La dernière et l’avant-dernière plume de la queue sont renouvelées en dernier lieu. Ce sont donc souvent celles-ci que le pigeon ne renouvelle pas si la mue s’effectue péniblement. On s’en rend compte facilement car ces anciennes plumes sont plus mates et moins pigmentées que les nouvelles.

Débutant:
Je suppose que lorsque toutes les plumes de la queue ont été renouvelées on peut croire que la mue toute entière a été bonne. En fait, le contrôle s’avère donc facile.

Victor:
Tu as raison, en partie, car il y a l’immense multitude de duvet à renouveler, et aussi, en partie, les plumes usées de l’arrière-aile. Il faudra donc également regarder de ce côté là.

Débutant:
Bon! Mais ce qui m’intéresse c’est de savoir quelles fautes l’on ne peut pas commettre pour ne pas handicaper la mue.

Victor:
Je pourrais dire que si la mue n’est pas bonne le mal est déjà fait, et il y a peu à y faire! Ce qui est important c’est d’amener les pigeons à la période de la mue avec des réserves. Et pour cela il faut être très prudent et avoir le courage d’arrêter à temps le pigeon. Car c’est le dernier concours qui peut tout gâcher. Si le pigeon rate alors c’est déjà un indice qu’on a trop exigé de lui. A ce point de vue la fin de la saison est plus importante que le début, car alors les pigeons partent avec les réserves de l’hiver.
Parlons des exemples. Mais ici je voudrais d’abord insister encore une fois sur un fait évident: c’est surtout en fin de saison qu’on écourte fa carrière sportive d’un bon pigeon. Et toi, qui dispose de peu de pigeons, tu devrais donc y songer, plus qu’un autre!
Je reviens aux exemples et je te raconte ici une fois de plus la mésaventure qui survint à la fameuse colonie Huyskens-Van Riel. Après l’époustouflant résultat de ce colombier sur Barcelone (trois de ses quatre engagés zlans les vingt premiers au national) j’allai, avec mon ami Georges Fabry, voir ces fameux vainqueurs. Jef Van Riel nous donna le fameux « Zotteke » en mains, son premier pigeon du terrible Barcelone de trois jours plus tôt.
« Nous allons le remettre à Bordeaux la semaine prochaine, car déjà maintenant, on ne lui trouve plus aucun signe de fatigue! » nous dit Jef. « Extérieurement, lui répondit Georges Fabry, on ne voit en effet plus de signe de ses terribles efforts, mais… on ne voit pas à l’intérieur.. et quant à moi, je n’oserais pas le soumettre à une dure épreuve si vite après son fameux Barcelone!… »
Et le « Zotteke » ne revint plus jamais de Bordeaux, un concours normal, dur, il est vrai, avec un léger vent debout. Une consolation toutefois assez pénible, dans les paroles que prononça par après le fameux tandem: « nos pigeons sont trop volontaires, et ils doivent parfois se faire mal sans que nous le voyons… »

Débutant:
Un autre exemple pénible, dont tu est toi-même un pur responsable, je vais te le remettre en mémoire. Ton infatigable « Peureuse » ne l’as-tu pas perdue sur Perpignan après qu’elle avait déjà victorieusement « avalé » trois concours de fond cette même année?

Victor:
Hélas, oui, nous avons alors « trop » exigé de cette championne extraordinaire. On reçoit des leçons toute sa vie. Mais du moins qu’elles puissent servir à d’autres!

Débutant:
Peux-tu me donner un conseil au cas où j’aurais commis une faute identique… mais sans perdre mon pigeon?

Victor:
N’oublions pas, cher ami, que lorsqu’un pigeon a une fin de saison pénible cela provient souvent du fait que le pigeon, au cours des nombreux séjours dans les paniers de voyage, a pris pas mal de trichomones. Et dans ce cas il est pour 50% handicapé et rate son prix. Si je puis te donner un bon conseil, accepte-le sans hésiter: si tu as un bonne volière ou un colombier bien aéré et peu peuplé, tiens-y tes pigeons enfermés pendant la mue.
Dans une volière surtout, les pigeons font une mue parfaite. Il faut songer au fait que si tu les laisses en liberté ils vont « trop » voler, d’autant plus que les pigeonneaux de l’année, qui ont terminé plus vite leur mue, volent beaucoup.
Ils entraînent, dans leurs volées, les vieux qui souffrent alors de ces efforts répétés, et font ainsi une mue défectueuse…

Débutant:
Je ne commettrai pas cette imprudence… car je me rends bien compte maintenant que la saison prochaine se prépare déjà maintenant!

Noël De Scheemaecker

Notices:

L’expérience nous a appris que le pigeon, après une saison trop chargée, surtout vers la fin, effectue une mauvaise mue parce qu’il doit la subir sans les réserves qui lui sont indispensables et dont l’organisme a besoin pour le renouvellement de son plumage.
Noël De Scheemaecker conseille de mettre les pigeons dans une bonne volière bien exposée et bien aérée pendant la période de la grande mue.
C’est surtout en fin de saison qu’on écourte la carrière sportive d’un bon pigeon.

[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]