Veuvage – pigeon voyageur
Tout le monde connaît la pratique du veuvage de nos jours. A mes yeux, c’est le système qui peut être le plus facilement appliqué aux vieux et aux yearlings et il ne faut pas prétendre être grand scribe en la matière pour réussir, Au contraire, on pourrait dire que cette facilité à pratiquer le veuvage en fait sa difficulté: tout un chacun qui connaît son ABC colombophile, peut mettre ses pigeons en condition. Mais pour les avoir en grande, forme, c’est autre chose, Il faut savoir attendre. Il est cependant un fait que les meilleurs colombophiles réussissent régulièrement à avoir la grande forme.
Il est évident que ces derniers possèdent de bons pigeons, mais également pour eux c’est la forme qui fait la différence, La question qui reste en suspens, c’est de savoir quoi faire pour mettre les pigeons en condition,
Un pigeon en forme est d’abord un pigeon qui se sent bien.
Quand l’on interroge bon nombre d’amateurs sur leur système de jeu, on peut être surpris de la variété des réponses, même si les résultats sont en définitive identiques. De plus, leur attention est souvent portée sur des points particuliers et divergeant selon les amateurs.
Pour ma part, étant moi-même un amateur, j’estime avoir ma propre vision des choses et regarder de la sorte le problème par mon bout de lorgnette. J’ai également la chance de me rendre dans beaucoup de colombiers et il , m’arrive parfois de trouver la réponse à un problème qui, m’est propre chez tel ou tel autre amateur, ou de relativiser ma manière de concevoir tel ou tel aspect de la pratique colombophile. De même, je suis intimement persuadé que l’on doit éviter de compliquer la vie en colombophilie, chose qui arrive bien trop souvent en voulant toujours faire plus ou mieux. D’aucuns disent: « Ah, si les pigeons pouvaient parler ».
Soyons attentifs à ce qu’ils nous disent: observons-les tout l simplement. Pour moi, un pigeon en forme est un pigeon qui se sent bien. Première condition à cela, être en bonne santé.
Avez-vous déjà entendu dire qu’un malade était en forme?
Suivi sanitaire et vétérinaire.
Pour notre colombier de veuvage, nous avons appliqué le plan général sanitaire suivant en 1993.
Quelques semaines avant les accouplements, les pigeons ont été traités contre les vers et ce traitement a été répété’ un mois avant le début de la saison sportive soit aux alentours du 21 mars. A notre grande stupéfaction, nous avons vu l’année passée que quelques veufs ont quand même expulsé des vers. Visiblement les vers s’attrapent plus facilement qu’on ne peut le penser. Ensuite, les pigeons ont été vaccinés contre les poquettes (6 février) et la paramyxovirose (7 mars).
Pour cette dernière maladie, nous avons toujours utilisé le Newcavac sans le moindre problème en procédant à une vaccination sous-cutanée dans la région du cou. Le Colombovac i est réputé meilleur à ce que l’on dit mais il est largement plus cher.
Depuis deux ans, nous avons systématisé le rappel de vaccination contre les poquettes.
Nous avions entendu certains vétérinaires affirmer que toute revaccination est superflue et nous avions pourtant appris la mésaventure de bien des amateurs dont les vieux avaient été atteints par les poquettes alors qu’ils avaient été vaccinés comme jeunes de l’année.
Cette maladie est à fuir comme la peste pour n’importe quel amateur. Il est vrai que lorsque . l’on soigne ses pigeons pendant toute une année entière et qu’on attrape une épidémie de poquettes qui empêche de jouer ses sujets en pleine saison sportive… c’est un risque que je ne veux pas courir.
Plus tard dans la saison, les veufs reçoivent toutes les trois à quatre semaines une cure de deux jours de Ronidazole à 10% (l’ancien Ridzol-S), à raison d’une cuillère arasée pour trois litres d’eau lors de fortes chaleurs et de deux ‘litres seulement lorsque le temps reste frais et que les pigeons boivent moins. Après une pareille cure. les pigeons ont encore un jour de vitamines.
De même, nous avons toujours à notre disposition un antibiotique actif contre le coryza, mais son usage n’était pas nécessaire chez nos veufs en 1993. Une cure contre la coccidiose était non plus nécessaire. Si jamais nous sommes confrontés à cette nécessité, nous utilisons l’Appertex lorsque la saison des compétitions a commencé..
Pour le reste, nous ne tenons pas à nous rendre la..vie difficile. Les veufs sont nourris à volonté avec un mélange sport.
Comme nous n’avons pas reçu la visite de souris lors de toute la saison passée, nous n’avons vidé les bacs qu’une seule fois par semaine. Les souris sont également à fuir comme la peste.
Pour se prémunir d’un tel danger, nous utilisons toujours un raticide qui est répandu tout autour des colombiers. Et enfin nous renouvelons assez souvent legrit et le vitaminéral.
Un entraînement régulier et des bains réguliers.
j’ai une profonde répulsion envers les pigeons qui ne volent· pas volontiers lors de l’entraînement quotidien.
Un pigeonneau qui retombe rapidement au toit alors que les autres continuent à voler est éliminé. j’apprécie également beaucoup ces veufs qui s’envolent dès qu’on vient d’:ouvrir les fenêtres. Au tout début de la saison, nous attachons une importance toute particulière aux premiers vols d’entraînement. Nos pigeons restent au colombier jusqu’à la fin février. Mais les entraînements reprennent début mars de manière progressive.
Au tout début, les pigeons sont mis dehors, souvent de manière peu régulière (pas tous les jours), pour un quart d’heure de volée forcée au drapeau, avec les fenêtres fermées, pour arriver à une demi-heure d’entraînement . quotidien à la mi-avril. En pleine . saison, les veufs sont alors obligés de s’entraîner deux fois par jour, lors de deux volées forcées de 30 minutes minimum. Parfois la volée forcée dure un peu plus longtemps, mais après une heure ils doivent rentrer. Comme les veufs sont nourris à volonté, ils ne désirent pas toujours rentrer à notre appel.
Il arrive parfois qu’en plein été il faille encore attendre une bonne demi-heure avant que le dernier pigeon ne rentre. Une fois le dernier rentré. nous distribuons alors la ration du Jour.
Il serait peut-être meilleur voire plus profitable d’attendre un peu avant de distribuer la ration biquotidienne mais nous n’en avons ni le temps ni le plaisir.
A propos de l’entraînement de l’équipe de veuvage, je souhaite encore ajouter un point.
S’il y a doute quant à la qualité de « entraînement des veufs, il ne faut pas tourner autour du pot: ils ne s’entraînent pas comme il faut, un point c’est tout! j’apprécie beaucoup de voir les vieux bien se porter et bien se comporter.
Il est peut-être difficile de l’expliquer avec des mots, alors disons seulement qu’on se rend compte de leur état s’ils ont . beaucoup d’empressement à voler avec plaisir. Si les pigeons font le « carrousel » autour du colombier sans que la volée « n’explose », alors on peut oublier toute prétention au succès.
Avec « j’été » que nous avons connu lors de la dernière saison, les entraînements n’ont posé aucun problème: il suffisait de lâcher les pigeons après les ondées. A ce moment précis. j’air est très oxygéné. Cela favorise la qualité de l’entrainement. Il suffit d’interroger les coureurs à pieds pour se rendre compte que ceux-ci s’entraînent bien mieux après une averse que lorsque le soleil brûle de ses rayons un air surchauffé. Mais encore faut-il faire remarquer q\Je nous ne laissons pas voler nos veufs dans la pluie ou l’ondée. Ceux-ci restent alors au colombier. Et de ce fait, la volée ne peut être retardée de plus d’une heure par rapport à l’heure habituelle pour ne pas dérégler toute la programmation d’entraînement.
La régularité est primordiale en ce qui concerne le veuvage.
Il est également plus facile de diagnostiquer la bonne condition, voire le niveau de forme au mois de juillet, plutôt qu’au début di? la saison, lorsque les pigeons volent malgré tout moins volontiers.
En 1992, nous avions déjà parlé des problèmes de bain que nos pigeons avaient connus à l’époque. Les veufs ne voulaient se baigner ni au colombier, ni à l’extérieur. Nous avions trouvé la solution à l’époque en leur donnant un bain au colombier durant l’automne et l’hiver, de manière aussi régulière que possible. L’habitude en fut acquise et elle resta durant toute la saison ’93. Seul le « 44 » continua de refuser toute baignade. Cela ne l’empêcha pas toutefois de remporter la victoire interprovinciale lors du Brive Il (Tulle). De même, j’avais éprouvé un doute lors de Narbonne· .concernant notre « 78 » qui ne s’était pas baigné quelques jours avant l’enlogement. Il fut cependant inscrit comme deuxième passé de l’équipe car il avait un bon comportement.
Il ne trahit pas notre confiance ,et se classa en tête au national (30ème). Comme quoi, il faut également savoir relativiser les choses sinon les croyances!
Programme de vol.
Contrairement aux années précédentes, nous avons tenu en 1993 à laisser nos veufs élever un ou deux jeunes.
Pour cela, les veufs furent réaccouplés au 20 décembre de telle manière que les jeunes puissent être sevrés vers la fin février. Puis ils furent réaccouplés au 27 mars pour être lancés vers le 10 et le 12 avril, sur des œufs, à une trentaine de kilomètres.
Puis ils sont encore enlogés lors de leur seul entraînement sur Mettet (94 km) le 17 avril. Lors du retour de Mettet, les femelles sont retirées et les pigeons restent seuls avec les œufs.
Après cette première mise en route,’ les pigeons sont pulvérisés systématiquement avec un spray parasiticide, car je ne peux supporter de voir des « mites » ou autres poux du pigeon. .
Je ne peux d’ailleurs pas comprendre comment un pigeon pourrait se sentir à son aise avec ces bestioles qui lui courent sur tout le corps. De plus, j’ai pour habitude de contrôler chaque veuf lors de l’enlogement. J’ai agi ainsi lors de cette saison et je n’ai plus constaté une seule « mite » se baladant sur le plumage des pigeons de tout le reste de la saison. Pourtant, contrairement aux femelles veuves, les veufs ne reçoivent pas de poudre dans leur eau de bain.
Au 25 avril, les yearlings étaient à Mariembourg (115 km) et les vieux étaient engagés à Soissons . (230 km). Les femelles fure8t alors montrées et le furent pour chaque voyage .suivant. Elles ne sont pas montrées longuement. En fait, il y a très peu de variations dans la méthode: papa les laisse un peu plus longtemps avec leur mâle tandis que moi, je ne les laisse pas en contact avec les mâles (casier fermé à demi) ou bien je ne les laisse que quelques secondes ensemble. C’est la seule variation.
Je me suis rendu compte que cela ne faisait pas beaucoup de différence dans le rendement des pigeons et sûrement pas pour les concours de fond et de grand fond. Lorsqu’un veuf est en y forme, on n’a qu’à le prendre pour l’enloger. Tous les systèmes sont bons et tout fonctionne pour un mieux. Si un pigeon n’est pas en condition, on peut changer de variante autant de fois que l’on veut pour montrer la femelle, rien n’y changera. Les veufs prennent part ensuite aux concours sur Crépy (265 km) et Orléans (430 km) pour être joués soit sur Vierzon (480 km) deux semaines après, soit. au -Brive national(699 km) trois semaines après.
Les pigeons de Vierzon sont alors rejoués trois semaines après sur Cahors (799 km).
Selon les équipes de vol, les sujets sont ensuite joués toutes les trois à quatre semaines en fonction de leur récupération et de leur niveau de forme.
Les yearlings, quant à eux, sont d’abord joués en vitesse jusqu’à Crépy (265 km). Dans la foulée, deux équipes de vol sont créées: l’une pour le petit demi-fond jusqu’à Orléans (430 km), l’autre qui, elle, sera lancée dans les semi-nationaux de demi-fond (Châteauroux, 530 km et Argenton, 560 km). Ensuite, ils doivent fleureter avec les concours de fond pour pigeons d’un an: Limoges, Jarnac ou le Bordeaux international de Lincent et enfin le Narbonne yearlings.
Les yearlings se sont bien comportés malgré un mauvais début. Lors du Châteauroux semi-national. ils ne réalisèrent que deux prix de neuf engagés.
Je n’ai trouvé jusqu’à présent aucune explication valable à cet échec. Le concours avait été fort facile puisqu’il s’était déroulé à presque 1900 m/m. La seule supposition que je puisse formuler est celle d’un saut trop conséquent entre Crépy (265 km) et Châteauroux (530 km).
Pourtant, en 1994, nos yearlings devront répéter à nouveau un même saut dans la distance. En réalité, je suis et reste un partisan d’un solide écolage des yearlings en vitesse et petit demi-fond avant de vouloir les lancer sur des étapes plus longues. En agissant de la sorte en première partie de saison, on risque moins de casser leur forme montante. Peut-être que je me trompe dans ce que j’avance car la forme du pigeon reste un sacré mystère.
[ Source: Article édité par M. P. PHILIPPENS – Revue PIGEON RIT ]
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