La vaccination des pigeons colombovac
12 avril 2020 Par admin

La vaccination des pigeons: le colombovac paratyphus

La vaccination des pigeons colombovac

Introduction.

La pratique médicale nous apprend que, suite à certaines maladies infectieuses, les sujets guéris bénéficient d’une protection plus ou moins longue contre ces maladies.
L’observation de ce phénomène naturel (immunité) a développé la recherche de méthodes permettant d’obtenir de manière artificielle cet état de résistance et cela sans encourir les risques liés à la maladie. Ces recherches ont conduit à l’obtention des vaccins et de la vaccination.

Les premières vaccinations.

La variole humaine était un fléau redouté qui décimait autrefois les populations.
Une méthode de protection imparfaite, la « variaolisation » avait été inventée par les Chinois (plus ou moins vers l’an 1000).
Cette méthode consistait à inoculer par scarification à un individu sain du pus de malade varioleux.
Les résultats de cette « variolisation » étaient variables et les dangers de la méthode importants, les risques de contracter la maladie étant élevés.
C’est un médecin anglais, le Docteur Jenner (1749-1823) qui constate vers 1775 que les fermiers ont souvent sur les mains des pustules semblables à celles que l’on retrouve sur le pis des vaches atteintes d’une maladie virale, la vaccine (Cow-pox).
L’esprit d’observation du Dr. Jenner lui permet de constater que ces fermiers ne sont pas atteints par la variole en cas d’épidémies. C’est finalement après 20 ans d’observation et de patience que le Dr. Jenner ose inoculer à un jeune garçon le pus d’une pustule d’une fermière atteinte de Cow-pox (vaccine).
La première « vaccination » de l’histoire de l’humanité venait d’avoir lieu. Il faut encore évoquer les travaux de Pasteur (1822-1895) car l’humanité doit à son
génie la mise au point de vaccins importants, notamment du vaccin contre la rage.
Pasteur constata en 1878 que l’inoculation à des poules d’une vieille culture de Pasteurella les protégeait contre l’inoculation d’une culture jeune et virulente (les Pasteurella constituent un groupe de bactéries, dont certaines espèces peuvent être retrouvées dans la gorge des pigeons, jouant un rôle de compliquant du coryza; d’ailleurs, dans certains cas rares, ces bactéries peuvent être responsables de septicémies mortelles chez le pigeon).
C’est en l’honneur de son illustre précurseur, le Dr. Jenner et ses immunisations réalisées au moyen du virus de la « vaccine », que Pasteur a proposé le terme de « vaccination ».
Les premiers essais de vaccination des pigeons datent de 1886 et ont été réalisés par Salmon et Smith. Il s’agissait d’essais visant à protéger les pigeons contre la paratyphose.

 

Le dernier-né des vaccins pour pigeons.

Cent treize années séparent donc les premiers essais de vaccination du pigeon de la mise sur le marché du dernier-né des vaccins par la firme Fort Dodge Animal Health: le Colombovac Paratyphus. Le Colombovac Paratyphus est un vaccin inactivé, c’est-à-dire dont l’agent immunogène, dans ce cas précis la bactérie Salmonella typhimurium var. Copenhagen, est « tué ».
Ce vaccin confère une immunité spécifique contre la paratyhose.
Les vaccins inactivés ont l’avantage de la sécurité car il n’y a aucun risque de provoquer la maladie. Ce vaccin inactivé est injecté sous la peau du cou (0,2 ml), ce qui permet d’avoir la certitude que la quantité
d’antigène nécessaire à l’élaboration des défenses est bien introduite dans l’organisme.
La conservation de ce vaccin inactivé est facile.
Le Colombovac Paratyphus comporte un adjuvant de type aqueux, comme celui du Colombovac PMV, et est bien toléré par les pigeons.
Cependant, une vaccination n’est jamais un acte anodin, il faut respecter certaines règles et cette conduite prudente prend tout son sens ici dans le cas de la vaccination contre la paratyphose.

La paratyphose

La paratyphose est une maladie bactérienne due à Salmonella typhimurium var. Copenhagen. C’est une maladie complexe, touchant les vieux et les jeunes pigeons et dont le mode de transmission est double.
A côté des sujets cliniquement malades, on trouve des pigeons porteurs de la bactérie et ayant toutes les apparences de sujets bien portants, c’est ce qu’on appelle les « porteurs sains ».
Normalement, les pigeons s’infectent par la voie digestive.
La bactérie se transmet de pigeons à pigeons via les aliments souillés par les fientes (transmission horizontale).
Cette infection, si elle n’est pas traitée, est généralement mortelle.
Toutefois, les pigeons guéris restent souvent porteurs de la bactérie, par exemple au niveau des organes génitaux où le « microbe » reste ainsi « caché ».
C’est alors que le deuxième mode de transmission intervient, la transmission verticale.
Lorsqu’un tel pigeon sera accouplé, il est pratiquement certain que les salmonelles infecteront les œufs.
Une fois entrée dans l’œuf, la bactérie s’y multiplie et infecte l’embryon qui va s’y développer.
Ce dernier peut mourir (œuf noir) ou naître infecté. Le jeune pigeonneau infecté pourra mourir avant le sevrage ou survivre tout en étant porteur de la bactérie et intervenir à son tour dans le processus de contamination.

 

Les symptômes.

Chez le pigeonneau nouveau-né, l’affectation est d’allure septicémique: mortalités en coquilles ou quelques heures après l’éclosion, les pigeonneaux infectés malades présentent de l’abattement et de la diarrhée.
Certains pigeonneaux plus âgés sont tristes, « en boule », amaigris.
Leurs excréments sont aqueux et verdâtres.
Enfin, la maladie peut exister sous une forme très discrète avec parfois de la stérilité et des troubles de ponte.
Un des symptômes chroniques et caractéristiques est l’arthrite ou « mal d’aile » (atteinte de l’articulation huméro-radiocubitale). Les articulations de la patte peuvent être également touchées, provoquant ainsi de la boÎterie. Lorsque les abcès se localisent au niveau de l’oreille interne, les troubles de l’équilibre (torticolis, pertes d’équilibre, tremblements … ) sont observés.
L’observation des symptômes dans le colombier permet de poser le diagnostic. La recherche des anticorps dans le sang des pigeons après une prise de sang a peu de valeur au point de vu diagnostic. Le diagnostic certain est posé après isolement de la bactérie dans les lésions chez l’oiseau autopsié ou à partir d’écouvillons du cloaque des pigeons malades.
Cette technique de l’écouvillon cloacal permet également de détecter les porteurs sains ré excrétant la bactérie.
L’écouvillonnage du cloaque de 5% des pigeons de la colonie est certainement la meilleure technique de contrôle pour certifier qu’une colonie est indemne de Salmonella.
L’enrofloxacine et l’association sulfam idés- triméthroprim, constituent les traitements de choix de la paratyphose.
Malgré les traitements aux antibiotiques, certains sujets peuvent rester porteurs. Il est inutile de traiter les sujets gravement malades.
Après traitement, les pigeons qui restent maigres ou stériles doivent être éliminés.

La vaccination.

Idéalement la vaccination doit être appliquée de manière préventive.
La vaccination contre la
paratyphose est pratiquée depuis longtemps par certains amateurs.
Ces derniers avaient à leur disposition deux types de vaccins:
– un bouillon formolé (produit à la Clinique aviaire de l’Université de Liège)
– un vaccin inactivé adjuvé par l’huile minérale (produit à la Clinique aviaire de l’Université de Gand.)
Ces deux vaccins font partie du passé et avaient leurs avantages et leurs inconvénients.
Ils ont eu le mérite d’exister et de dépanner bien des amateurs dans l’embarras, car confrontés à cette maladie.
Le Colombovac Paratyphus mis au point au Service de Médecine aviaire et cunicole de l’Université de Liège rassemble les avantages des deux vaccins cités ci-dessus sans en avoir les inconvénients.

 

pigeon vivant porteur

pigeon pathogene

La dose à injecter est de 0,2 ml et l’injection se fait par voie souscutanée, par exemple sous la peau du cou.
En cas d’utilisation en primo vaccination (1ère fois) pour des pigeons n’ayant jamais été vaccinés contre la paratyphose, il est recommandé de vacciner les pigeons 2 fois à 3 semaines d’intervalle. La protection ainsi obtenue est valable pour une année.
Les jeunes pigeons peuvent être vaccinés à partir de l’âge de 5 à 6 semaines.
Les pigeons reproducteurs seront vaccinés idéalement avant les accouplements, la 2ème injection ayant lieu au moins 15 jours avant la réunion des sexes.
Ainsi un maximum d’anticorps se retrouve dans l’œuf et les futurs pigeonneaux en profitent et sont protégés pendant les premiers jours de la vie.
Ensuite, il faut effectuer chaque année une injection de rappel au moyen du Colombovac Paratyphus.
Certains amateurs m’ont cependant signalé des réactions inflammatoires locales plus fortes quand le Colombovac Paratyphus est appliqué à des pigeons ayant été vaccinés précédemment par voie sous-cutanée au moyen du vaccin huileux de l’Université de Gand. On sait depuis longtemps que l’adjuvant huileux est moins bien toléré par les pigeons et qu’il entraîne une forte réaction inflammatoire à l’endroit du site d’injection avec parfois apparition de nodules.
Il faut préciser que c’est en partie cette réaction qui conditionne la qualité de la réponse immunitaire.
Il est donc logique qu’une nouvelle injection mobilise rapidement toutes les cellules et qu’une réaction inflammatoire plus intense soit observée.
Il est également important de ne vacciner que des pigeons en bonne santé et donc de les faire contrôler auparavant par un vétérinaire car la vaccination contre la paratyphose peut provoquer chez certains pigeons un léger malaise quelques jours après l’injection.
Il faut également être prudent quand on vaccine des colonies ayant des problèmes avec du microbisme latent, tel que Streptococcus bovis. Il est possible que ces microbes profitant du stress de la vaccination soient « réactivés » et provoquent de la mortalité.
Dans de telles colonies, un examen approfondi des pigeons est à conseiller avant de procéder à la vaccination.
Beaucoup d’amateurs se posent également la question de savoir si le Colombovac Paratyphus peut être utilisé en milieu infecté (c’est-à-dire lorsque la colonie est atteinte par la Salmonellose)?
Dans une telle colonie, des pigeons malades présentant des symptômes se retrouvent à côté de sujets apparemment sains mais porteurs de la bactérie.
Cependant, lorsque le diagnostic est clairement établi par isolement de la souche au laboratoire, une vaccination d’urgence au moyen du Colombovac Paratyphus doit être pratiquée. Cette vaccination sera toujours accompagnée d’un traitement aux antibiotiques.
Cette vaccination d’urgence comporte obligatoirement deux injections du vaccin à trois semaines d’intervalle. De plus, tous les sujets fortement atteints et présentant des symptômes graves (boiterie, maigreur, mal d’aile) doivent être éliminés.
Cette vaccination d’urgence doit toujours être faite en-dehors de l’élevage, si ce n’est pas le cas, tous les œufs et les jeunes dans les plateaux doivent être éliminés.
Ceci afin de briser la transmission verticale de la maladie et de ne pas laisser « survivre » des Salmonelles dans les œufs ou des jeunes à l’apparente bonne santé. Cette forte pression de vaccination (2 injections à 3 semaines d’intervalle) doit être maintenue pendant plusieurs années.
Le Colombovac Paratyphus est donc un nouveau moyen de préserver la santé des pigeons.
Espérons qu’il trouvera un écho favorable dans les milieux colombophiles et que la paratyphose sera bientôt une maladie du passé.

[ Source: Article édité par Ing. J.P.Duchatel – Revue PIGEON RIT ]

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